Nganda def! C'est François!
Aujourd'hui, c'était le grand jour pour Mattéo et Antoine, les deux jeunes enfants de nos amis Marilyse et Erwan: on partait avec eux pour le désert de Lompoul! Ça devait bien faire 2 semaines que les enfants attendaient cette fin de semaine-là! C'est d'ailleurs l'une des premières choses qu'il nous ont dites lorsqu'on est arrivés au Sénégal, et Marilyse (qui ne pourrait malheureusement pas nous accompagner, étant toujours au Cameroun) avait même dessiné deux gros chameaux sur le calendrier familial! Autant dire que les enfants étaient surexcités quand on préparait les choses le matin!
Après un bref arrêt au Casino (le supermarché français des Almadies) pour nous constituer un pique-nique, on est tous partis, Erwan, Mattéo, Antoine, Marie-Pascale et moi, dans le 4x4 d'Erwan pour un trajet d'environ 3h30 vers le désert de Lompoul. Au début, pour sortir de Dakar, on a eu l'agréable plaisir de pouvoir rouler assez vite, car une autoroute toute neuve nous conduit en banlieue. Évidemment, on vous fait payer ce privilège: Erwan a bien dû sortir sa bourse 4 fois en autant de postes de péage. Le prix à l'entrée explique aussi pourquoi l'autoroute n'est pas encombrée de vieux bus et camions pourris, qui n'ont pas les moyens de rouler ici! Économiquement, c'est un peu idiot que le trafic commercial ne circule pas sur cet axe plus rapide, mais on ne s'en plaignait pas trop!
Au bout d'un moment par contre, la dure réalité nous a rattrapé: nous allions faire le reste du trajet sur la Nationale 1, une route à deux voies au trafic intense (mais heureusement bien entretenue), qui passe inévitablement au milieu de plein de villages! Ici, la plaie, ce sont les vieux camions, qui ralentissent toute la circulation en roulant à des vitesses qui défient l'entendement! Il y a aussi les vieux bus, les dos d'âne à chaque 2km, les chèvres, les gens qui traversent n'importe comment... Mais bon, le bon côté, c'est qu'on a eu amplement l'occasion de regarder le paysage! Dans cette région du Sénégal, c'est vraiment la savane comme on se l'imagine! De longues étendues plates de sable et d'herbe sèche, ponctuées de quelques arbres, et notamment de baobabs. Cet arbre, célèbre pour ses branches dégarnies et son tronc parfois énorme, est présent partout ici. Difficile de faire plus exotique! Autre incontournable du paysage sénégalais, moins poétique par contre: les déchets. Au bord des routes, c'est fou comme on en voit partout, et dans les villages c'est encore pire! Il y a souvent des décharges sauvages dans lesquelles jouent les enfants et broutent les chèvres... Disons qu'on a été un peu abasourdis par ce problème... Il y a beaucoup de déchets en Amérique du Sud, par exemple, mais ce n'est pas aussi systématique et les gens n'habitent pas littéralement dedans!
Après quelques arrêts aux toilettes ("mon pipi il est sorti", de nous dire Antoine, tout fier), on a quitté la route centrale dans la petite ville de Kébémer pour rejoindre le désert. Plus personne ou presque sur cette superbe route valloneuse, entre mer et savane! Les seules voitures quon croisait étaient des pick-ups épiquement surchargés! On a finalement rejoint la plage de Lompoul-sur-mer, où on a pique-niqué avec les garçons qui avaient été très sages dans l'auto. Ils ont ensuite lâché leur fou en jouant dans le sable et en saluant tous les Sénégalais qui passaient en charrette! Parce qu'ici, la plage de sable interminable et magnifique fait un peu figure de route secondaire pour relier les petits villages de pêcheurs. On a d'ailleurs assisté à la remontée d'un bateau de pêche (en fait de grosses barques en bois peintes de couleur vives) sur la plage. C'était tout un spectacle! D'abord, il y a environ 20 pêcheurs qui entourent la pirogue en chantant en wolof. Puis, au rythme de la musique, ils coordonnent leurs mouvements pour faire monter le bateau sur un vieux machin rafistolé à deux roues. Une fois la pirogue là-dessus, ils la poussent ensemble loin sur la plage, à l'abri de la marée haute, puis la déposent. Inutile de la revirer au cas où il y aurait de la pluie: nous sommes en pleine saison sèche, et il fait beau tous les jours!
En tout cas ça a été un très bel arrêt, jusqu'à ce qu'Antoine manque de s'éborgner solidement l'oeil avec un bâton qu'il avait ramassé sur la plage. Heureusement, plus de peur que de mal, l'oeil a été évité de justesse! Les enfants de Marilyse et Erwan sont adorables et mignons comme tout, mais ils ont aussi beaucoup d'énergie et veulent tout le temps être le centre d'attention (c'est normal, à 2 et 4 ans)! Disons que ça tire pas mal de jus, et Erwan est pratiquement constamment dans la gestion de crise! On salue ses habiletés de père extraordinaires!
On est ensuite repartis vers notre destination finale: le désert de Lompoul. Les dernières 15 minutes pour y accéder étaient assez épiques: on suivait une piste de sable dans les dunes, en pleine savane! Puis, finalement, devant nous est apparu le désert de Lompoul! En fait, c'est un "mini-désert" de 20km2, formé par de hautes dunes. Cela dit, c'est aussi un aperçu du Sahara, qui débute en Mauritanie, un peu plus de 100 km au nord. Bref, un bien joli carré de sable, où deux petites entreprises proposent des nuitées en tente pour se sentir comme dans le "vrai" désert. À l'écolodge de Lompoul, où on allait passer la nuit, notre immense tente était montée à l'ombre d'une grande dune, et on allait tous y dormir sans se sentir coincés! C'était aussi une tente pour nomades soucieux de leur confort, vu qu'on y trouvait lits, commodes et... toilette, douche et lavabo!
En plus d'être magnifique, le désert est un véritable paradis pour les enfants, avec son sable doux et ses activités. On a rapidement essayé la luge de sable, avec des résultats disons peu concluants. Sur la neige, on glisse pas mal plus vite! Puis, les visages des enfants se sont illuminés lorsque sont apparus les dromadaires! On a ainsi pu faire un tour d'une vingtaine de minutes dans les dunes, au grand plaisir de Mattéo et Antoine (et des plus grands aussi)!
Par la suite, le crépuscule approchant, on a marché un peu dans le sable question de prendre l'apéro en regardant le coucher de soleil sur le désert... Il y a pire comme fin de journée que de prendre un verre de vin (ou de jus de bissap) en voyant le soleil couchant enflammer les dunes! La chaleur est ensuite rapidement tombée et, après s'être habillés plus chaudement, on est partis manger dans la tente principale du campement. Au menu: crabe en entrée, délicieux couscous au poulet et à l'agneau, et dessert semi-mou non-identifié mais sucré pour la fin. Normalement, la soirée aurait dû se terminer par un spectacle de djembé (tam-tams) mais on nous a dit que ce ne serait pas possible ce soir parce que quelqu'un était mort dans le village voisin. Puis, Erwan est parti coucher les enfants qui tombaient de fatigue pendant qu'on finissait la soirée auprès du feu de camp (en fait deux grosses bûches qui flambaient comme jamais en raison du vent constant qui balaie le désert la nuit). Évidemment, si loin de la ville, on voyait vraiment bien les étoiles! Bien agréable fin de soirée! On a été interrompus dans notre contemplation à un certain moment par l'un des employés du camp, qui nous a jasé un bout. Il nous a demandé si on avait des enfants, on a dit non et expliqué que les femmes avaient généralement des enfants vers 30 ans au Québec, et il a ensuite dit: "On fait comment pour ne pas avoir d'enfants?" On n'était pas trop sûr de comment interpréter sa question, mais Dre Mémé s'est alors lancée dans un speech sur les différents moyens de contraception... Ça avait l'air de répondre à ses interrogations! En tout cas c'était un peu étonnant haha! On est restés ensuite encore un peu au coin du feu avant de nous aussi revenir dormir à la tente.
Le lendemain, les enfants se sont réveillés étonnamment tard (7h45), ce qui nous a permis de dormir un peu! Cela dit, ce n'était pas la grande forme tant pour moi que pour Mémé... De mon côté, des douleurs gastriques se sont lentement installées dans la matinée, pour éventuellement culminer par une bonne vieille tourista.... Mémé n'était guère mieux lotie, ayant pour sa part hérité de maux de tête et de gorge ainsi que de courbatures. Pas plaisant, mais bon, ce sont des choses qui arrivent! Cela dit, ça ne nous a pas empêché de profiter de notre matinée! Après une douche sommaire pour nous débarrasser du sable, on a rejoint Erwan et les garçons pour déjeuner. À la table d'à côté, une institutrice de primaire visiblement très douée avec les enfants a fait le bonheur de Mattéo et Antoine en leur inventant des histoires et en jouant avec eux!
On est ensuite partis revoir les dromadaires avec les garçons, puis Marie-Pascale et moi sommes partis marcher dans le désert. On a rejoint les enfants pour glisser et sauter avec eux dans les dunes, tout en se brûlant les pieds dans le sable surchauffé par le soleil de midi! Quant à la tente, elle était également étouffante! Il fait chaud le jour ici, et encore, nous sommes en hiver!
Tout ça annonçait la fin de notre séjour dans le désert. Après un diner de lotte et de poulet avec riz, on a finalement quitté le campement. Antoine pleurait pour tout et pour rien, signe qu'il était très fatigué! Et de fait, il s'est endormi dès que la voiture a démarré! De retour au village de Lompoul, on s'est arrêtés pour regonfler les pneus de l'auto, qu'on avait dû dégonfler pour emprunter la piste de sable vers le désert. Notre arrêt dans le "shack à gonflage de pneus" (impossible de vous décrire autrement cet endroit) a bientôt attiré tous les enfants du village, en quête d'une pièce, d'un bonbon, d'un crayon... C'est ça aussi, l'Afrique...
Sur la route vers Kébémer, on s'est arrêtés à quelques reprises pour prendre des photos de baobabs, puis Erwan nous a laissés à une station-service pour qu'on puisse prendre un bus vers St-Louis. Coup de chance, il y en a un qui est arrivé immédiatement! Évidemment, il était vieux et sale, mais, avec le recul, bien plus confortable que les infâmes "sept-places" dont on vous reparlera plus tard!
Avant de vous quitter, voici un petit lexique sénégalais!
Alhamdoulilah: l'équivalent de "Dieu est grand". Chaque car rapide et minibus qui se respecte en est orné, de même que beaucoup de camions!
Grand: adorable expression visant à désigner un jeune adulte que l'on ne connait pas, par exemple le quidam qui attend l'autobus au coin de la rue. Comme dans "Hé Grand, pourrais-tu nous dire où on peut prendre les bus pour St-Louis?"
Poulet de chair: ici, on vend des poulets de chair. Pas juste du poulet. Du poulet de chair. Pourquoi? Par opposition au poulet de ponte, le poulet de chair est un poulet que l'on consomme pour sa viande (alors que le poulet de ponte, c'est pour les oeufs).
Pssssssit: cette interjection est au Sénégal ce que le "hey" est au Québec, mais en plus subtil. Les gens l'utilisent pour attirer l'attention, que ce soit celle du serveur ou celle du touriste qui passe à côté d'une échoppe de statuettes africaines...
Serigne: l'équivalent d'un saint homme dans la branche très tolérante de l'islam pratiquée par les Sénégalais (le soufisme). Chaque bus public a au moins plusieurs photos de serigne, et d'innombrables magasins s'appellent "Serigne" quelque chose. Immanquable dans tout le pays!
Teranga: l'hospitalité sénégalaise, dont les habitants s'enorgueillissent. "On est accueillants, on ne fait même pas exprès!" nous a déjà dit un Sénégalais avec un grand sourire! On entend souvent ici que "le Sénégal est le pays de la teranga", selon l'expression consacrée!
Touba: la ville sainte du Sénégal. Son nom est sur tous les camions et de nombreux bus.
Toubab: en wolof, ça signifie "étranger" ou "Blanc". Souvent, les enfants vont nous saluer dans la rue en criant "toubab, toubab!" puis pouffer de rire ensuite quand on les salue aussi!
Wolof: la langue parlée par la majorité des Sénégalais et le groupe ethnique majoritaire du pays.
St-Louis et la suite bientôt!
mardi 28 février 2017
dimanche 26 février 2017
Lac Rose
Salam aleykoum! Ça va? Ça va, ça va!
C'est MP qui continue!
Notre plan de la journée était de se rendre au Lac Rose, à 45 km de Dakar. Pfff facile, en 30 minutes on est là? Pas vraiment... On a déjeuné et joué à cache-cache avec les garçons (qui sont dans leurs 2 semaines de congé à chaque 6 semaines, grâce au système d'éducation français) puis on a marché avec eux et Fatou vers l'arrêt d'autobus, saluant encore une fois tous les gardiens des environs qui connaissent les deux gars!
Vous nous connaissez, on n'aime pas prendre de taxis, mais le transport en commun est vraiment de la marde ici... On a attendu le bus 61 une quinzaine de minutes, un tacot moyennement délabré (chanceux!) dans lequel on a passé l'heure et quart suivante! François a jasé un peu avec d'autres passagers: les hommes nous abordent facilement, contrairement aux femmes qui le font juste pour vendre des cossins... On a pu observer le paysage, toujours autant chaotique et cacophonique. Surtout dans les petits quartiers dans lesquels on passait, pleins à craquer de gens ou de chèvres ou de vaches qui relaxent dans les poubelles. Comme le faisait remarquer François, Dakar est une ville de 3 millions d'habitants, où on dirait que l'entièreté de la population se retrouve dans les rues! Il y avait aussi plusieurs marchés, c'est à dire des tables les unes à côté des autres recouvertes de vieeeeeeux parasols sales ou de bâches en mauvais état. Disons que ma fibre végétarienne s'est enhardie en voyant quelques étals où il y avait plus de mouches que de chair sur les morceaux de viande...
On est descendus au terminus dans la petite ville de banlieue de Keur-Massar, où on a attendu le prochain bus, en remarquant que la majorité des femmes y étaient voilées ou avaient un turban sur la tête, contrairement au centre-ville de Dakar. Environ la moitié des gens portent le costume traditionnel. Les Sénégalaises sont vraiment belles! Avec de longues jupes comme celle de Falbala dans Astérix, du même tissu que le haut avec des froufrous à la taille. Souvent elles ont un foulard dans les cheveux avec le même tissu aux formes géométriques colorées, et un châle sur les épaules! Elles peuvent aussi avoir de longues tuniques amples! Les hommes qui sont habillés traditionnellement sont vraiment beaux à voir aussi, avec de longues robes ou des tuniques et des pantalons du même tissu, brodés en avant et aux poignets. Soit ils ont un "skull cap", soit ils ont une tuque en laine avec un petit pompon compact!
Après un autre 45 minutes d'autobus, on est arrivés au Lac Rose, moins impressionnant que ce qu'on s'imaginait, je dois l'avouer. Le lac, de 3 km de long, est excessivement salé (10 fois l'eau de la mer) et une algue microscopique sécrète un pigment rouge pour se protéger du sel! D'où la couleur rose, donc. C'est vrai que l'eau a une couleur particulière (l'intensité dépend des conditions climatiques) mais les alentours du lac sont moins jolis. Dès la sortie du bus, on s'est fait happer par un gars qui offrait des tours, proposition qu'on a déclinée avant d'aller marcher un peu près du lac et de se faire ré-aborder par un autre. Hilala ça devient lourd... On est allés manger dans un petit resto avec une cinquantaine de mouches et des Sénégaulois (le surnom des Français qui vivent au Sénégal) pour nous tenir compagnie puis on est partis avec un des guides pour une excursion en 4x4, chose que Siasia et sa blonde nous avaient conseillé de faire.
Sécuritairement assis dans une boîte de pick-up des années 20 décorée de dessins tribaux, on est partis autour du lac pour débuter par la section où ils récoltent du sel. Les hommes, enduits de beurre de karité pour protéger leur peau, passent une dizaine d'heures par jour les pieds dans l'eau pour briser les plaques de sel au fond du lac et les ramasser avec des tamis. Ils les mettent dans des barques en bois, qui contiennent 1.5 tonnes de sel, puis, une fois sur le rivage, les femmes s'affairent à les vider et à former des tas de sel sur la plage. Il y a des amoncellement de sel partout, de blanc brillant à brun plein de poussière (ce qui ressemble un peu à de la vieille neige)! On produit ici autant du gros sel pour les routes d'Europe que de la fleur de sel pour consommation courante, surtout destinée au marché africain. Et paraîtrait-il que de se baigner dans le lac guérit les rhumatismes et les hémorroïdes! Génial!
Puis on a continué le tour vers un petit village derrière le lac, niché en plein dans le désert! C'était vraiment beau: des maisons en brique à moitié construites (comme partout), des arbres et des cactus de temps en temps, des enfants qui jouaient et disaient bonjour, des animaux... le tout entouré de sable orangé! On s'est enfoncés un peu plus loin dans les dunes, entrecoupées de petits arbustes ou de palmiers autour d'une oasis. C'était superbe! On était évidemment secoués dans la benne du pick-up en montant et descendant les dunes, ce qui ajoutait au plaisir! Puis on a aperçu la mer pas trop loin et on est descendus la rejoindre en roulant sur le sable humide! Les vagues étaient vraiment magnifiques et la plage allait à perte de vue!
Le retour au village s'est ponctué de "viens voir la boutique de mon frère" et de "madame, regarde mes bijoux" ou de "je te fais un très bon prix sur les statues", univers dans lequel on ne s'est pas éternisé. Le rutilant bus 73 nous attendait et signifiait son départ à grands coups de klaxon. Le trajet a semblé interminable, un bon 2h15 de poussière qui entre par la fenêtre, d'arrêts sans raison, de 15 km/h et pour la première fois, de vendeurs qui entraient pour vendre des gommes. Celui qui a eu le plus de succès dans la quête de piécettes a été un albinos!
Un peu beaucoup crevés de notre trajet, on s'est rendus au mini centre d'achat des Almadies pour acheter des petites provisions pour le lendemain, et on s'est arrêtés dans un café pour manger des croissants en écrivant le blog, avant de revenir à la maison. Avec le recul, c'est vrai que le quartier des Almadies est pas mal plus chic que le reste de la ville (en partie parce que les maisons sont terminées?) et on y a croisé un nombre record (enfin, c'est relatif) de toubabs (les Blancs) revenant du travail. Revenus à la maison, on a soupé avec les garçons et Erwan et fait un Skype avec Marilyse, avant de profiter de leurs laveuse-sécheuse! On s'est couchés relativement tard, sachant qu'on allait se lever tôt le lendemain pour notre journée dans le désert de Lompoul!
C'est MP qui continue!
Notre plan de la journée était de se rendre au Lac Rose, à 45 km de Dakar. Pfff facile, en 30 minutes on est là? Pas vraiment... On a déjeuné et joué à cache-cache avec les garçons (qui sont dans leurs 2 semaines de congé à chaque 6 semaines, grâce au système d'éducation français) puis on a marché avec eux et Fatou vers l'arrêt d'autobus, saluant encore une fois tous les gardiens des environs qui connaissent les deux gars!
Vous nous connaissez, on n'aime pas prendre de taxis, mais le transport en commun est vraiment de la marde ici... On a attendu le bus 61 une quinzaine de minutes, un tacot moyennement délabré (chanceux!) dans lequel on a passé l'heure et quart suivante! François a jasé un peu avec d'autres passagers: les hommes nous abordent facilement, contrairement aux femmes qui le font juste pour vendre des cossins... On a pu observer le paysage, toujours autant chaotique et cacophonique. Surtout dans les petits quartiers dans lesquels on passait, pleins à craquer de gens ou de chèvres ou de vaches qui relaxent dans les poubelles. Comme le faisait remarquer François, Dakar est une ville de 3 millions d'habitants, où on dirait que l'entièreté de la population se retrouve dans les rues! Il y avait aussi plusieurs marchés, c'est à dire des tables les unes à côté des autres recouvertes de vieeeeeeux parasols sales ou de bâches en mauvais état. Disons que ma fibre végétarienne s'est enhardie en voyant quelques étals où il y avait plus de mouches que de chair sur les morceaux de viande...
On est descendus au terminus dans la petite ville de banlieue de Keur-Massar, où on a attendu le prochain bus, en remarquant que la majorité des femmes y étaient voilées ou avaient un turban sur la tête, contrairement au centre-ville de Dakar. Environ la moitié des gens portent le costume traditionnel. Les Sénégalaises sont vraiment belles! Avec de longues jupes comme celle de Falbala dans Astérix, du même tissu que le haut avec des froufrous à la taille. Souvent elles ont un foulard dans les cheveux avec le même tissu aux formes géométriques colorées, et un châle sur les épaules! Elles peuvent aussi avoir de longues tuniques amples! Les hommes qui sont habillés traditionnellement sont vraiment beaux à voir aussi, avec de longues robes ou des tuniques et des pantalons du même tissu, brodés en avant et aux poignets. Soit ils ont un "skull cap", soit ils ont une tuque en laine avec un petit pompon compact!
Après un autre 45 minutes d'autobus, on est arrivés au Lac Rose, moins impressionnant que ce qu'on s'imaginait, je dois l'avouer. Le lac, de 3 km de long, est excessivement salé (10 fois l'eau de la mer) et une algue microscopique sécrète un pigment rouge pour se protéger du sel! D'où la couleur rose, donc. C'est vrai que l'eau a une couleur particulière (l'intensité dépend des conditions climatiques) mais les alentours du lac sont moins jolis. Dès la sortie du bus, on s'est fait happer par un gars qui offrait des tours, proposition qu'on a déclinée avant d'aller marcher un peu près du lac et de se faire ré-aborder par un autre. Hilala ça devient lourd... On est allés manger dans un petit resto avec une cinquantaine de mouches et des Sénégaulois (le surnom des Français qui vivent au Sénégal) pour nous tenir compagnie puis on est partis avec un des guides pour une excursion en 4x4, chose que Siasia et sa blonde nous avaient conseillé de faire.
Sécuritairement assis dans une boîte de pick-up des années 20 décorée de dessins tribaux, on est partis autour du lac pour débuter par la section où ils récoltent du sel. Les hommes, enduits de beurre de karité pour protéger leur peau, passent une dizaine d'heures par jour les pieds dans l'eau pour briser les plaques de sel au fond du lac et les ramasser avec des tamis. Ils les mettent dans des barques en bois, qui contiennent 1.5 tonnes de sel, puis, une fois sur le rivage, les femmes s'affairent à les vider et à former des tas de sel sur la plage. Il y a des amoncellement de sel partout, de blanc brillant à brun plein de poussière (ce qui ressemble un peu à de la vieille neige)! On produit ici autant du gros sel pour les routes d'Europe que de la fleur de sel pour consommation courante, surtout destinée au marché africain. Et paraîtrait-il que de se baigner dans le lac guérit les rhumatismes et les hémorroïdes! Génial!
Puis on a continué le tour vers un petit village derrière le lac, niché en plein dans le désert! C'était vraiment beau: des maisons en brique à moitié construites (comme partout), des arbres et des cactus de temps en temps, des enfants qui jouaient et disaient bonjour, des animaux... le tout entouré de sable orangé! On s'est enfoncés un peu plus loin dans les dunes, entrecoupées de petits arbustes ou de palmiers autour d'une oasis. C'était superbe! On était évidemment secoués dans la benne du pick-up en montant et descendant les dunes, ce qui ajoutait au plaisir! Puis on a aperçu la mer pas trop loin et on est descendus la rejoindre en roulant sur le sable humide! Les vagues étaient vraiment magnifiques et la plage allait à perte de vue!
Le retour au village s'est ponctué de "viens voir la boutique de mon frère" et de "madame, regarde mes bijoux" ou de "je te fais un très bon prix sur les statues", univers dans lequel on ne s'est pas éternisé. Le rutilant bus 73 nous attendait et signifiait son départ à grands coups de klaxon. Le trajet a semblé interminable, un bon 2h15 de poussière qui entre par la fenêtre, d'arrêts sans raison, de 15 km/h et pour la première fois, de vendeurs qui entraient pour vendre des gommes. Celui qui a eu le plus de succès dans la quête de piécettes a été un albinos!
Un peu beaucoup crevés de notre trajet, on s'est rendus au mini centre d'achat des Almadies pour acheter des petites provisions pour le lendemain, et on s'est arrêtés dans un café pour manger des croissants en écrivant le blog, avant de revenir à la maison. Avec le recul, c'est vrai que le quartier des Almadies est pas mal plus chic que le reste de la ville (en partie parce que les maisons sont terminées?) et on y a croisé un nombre record (enfin, c'est relatif) de toubabs (les Blancs) revenant du travail. Revenus à la maison, on a soupé avec les garçons et Erwan et fait un Skype avec Marilyse, avant de profiter de leurs laveuse-sécheuse! On s'est couchés relativement tard, sachant qu'on allait se lever tôt le lendemain pour notre journée dans le désert de Lompoul!
vendredi 24 février 2017
Gorée
Salut! C'est François!
Après avoir traîné un peu dans le lit, j'ai été rejoindre Mattéo, Antoine et Fatou dans la cuisine, pour le plus grand bonheur des enfants! J'ai déjeuné entre deux "François, regarde, j'ai mis mes sandales!" puis j'ai été lire des histoires aux deux petits bonshommes enthousiastes avant que Mémé ne me rejoigne. Marilyse et Erwan étaient déjà partis plus tôt ce matin-là, la première pour une mission au Cameroun (elle reviendrait quelques jours avant notre départ du Sénégal) et le deuxième pour le travail.
On avait comme plan aujourd'hui de se rendre à l'île de Gorée, apparemment l'une des plus belles attractions de Dakar. Or, la maison de Marylise et Erwan est située dans le quartiers des Almadies, en banlieue nord de Dakar, alors que Gorée est complètement au sud, près du centre-ville. Comme on voulait tester le transport en commun local, on a demandé à Fatou comment on pourrait s'y rendre. "Prenez le minibus Tata 3 puis le bus 1 à l'école normale, je vous accompagne à l'arrêt!" Après avoir désamorcé une crise entre Mattéo et Antoine et séché les larmes du premier, on est donc tous partis vers l'arrêt de bus, sous les sourires des gardiens de sécurité. On a dit au revoir aux enfants, Fatou a embrassé Mémé puis on est partis dans le vieux bus pourri!
C'est comment, prendre les transports en commun au Sénégal? On pourrait résumer l'expérience à "bondé, déglingué et très lent"! Il y a en fait 3 genres de bus publics: des bus de ville normaux (comme on a chez nous), des minibus Tata blancs (des vieux minibus de marque Tata ou des minivans transformées, un peu comme les marshoutkas en ex-URSS) et - de loin les plus folkoriques - les mal-nommés "cars rapides", de vieux machins pétaradants, sans fenêtres, peints de couleurs vives et couverts d'inscriptions religieuses ("Alhamdouliha!") ou plus mystérieuses ("Le retour de Gouba"?). Généralement, il y a une ou plusieurs personnes accrochées à la carlingue en arrière des minibus, dont la porte arrière reste ouverte! Dans toute cette cohue, le caissier est assis dans une cage grillagée et collecte tranquillement l'argent pendant que les gens se contorsionnent dans l'allée pour sortir ou entrer. Ingénieux!
On avait surtout vu les banlieues à date, mais là, dans notre long passage en bus, on a pu s'imprégner un peu plus du tissu urbain de la ville. En quelques mots, Dakar est une ville chaotique, polluée, à l'esthétique assez quelconque et à la circulation infernale! Il y a des gens partout qui traversent la rue n'importe comment, des vendeurs de bric et de broc guettent le passant à tout les coins, des hommes en long boubous blancs en saluent d'autres en souriant, des femmes arborent de magnifiques costumes écarlates (certaines transportent vraiment toutes sortes de choses sur leur tête)!... Il y a des déchets partout, les chèvres et les poulets font de fréquentes apparitions dans les rues, il n'y a aucune forme de signalisation routière, tout tombe en ruine... Bref, c'est un joyeux désordre auquel les Sénégalais font face avec humour et bonne humeur. Et ils sont ravis d'accueillir les visiteurs étrangers, au nom de leur hospitalité légendaire (la "teranga")!
Après avoir changé de bus près de l'université, on est finalement arrivés près de la place de l'indépendance, le coeur de la ville. "Bonjour les jeunes mariés!" nous a lancé quelqu'un sur le trottoir! C'était la première fois qu'on nous disait ça, et on ne compte plus les fois où c'est arrivé depuis haha! En passant, au Sénégal, la politesse veut que toute conversation, même anodine (genre commander un plat, demander son chemin, payer un tarif d'entrée...) débute par "Bonjour, ça va bien?" "Ça va bien, et vous?" "Ça va." Et après on peut commencer à discuter des choses sérieuses! Bien sympathique comme tradition! Le problème, c'est que comme on nous salue comme ça 50 fois par jour, c'est parfois difficile de distinguer le bon grain de l'ivraie! Comme ce gars hyper gentil qui nous a accosté près de la place de l'indépendance et qui, après quelques aimables paroles, nous a dit qu'il voulait nous donner sa carte d'affaires... "Mon magasin est à côté!" Mouin, c'était à plusieurs coins de rue disons... ça sentait l'arnaque à plein nez mais on ne savait pas trop comment se tirer de cette situation déplaisante sans l'offenser... Quand il a voulu nous donner en cadeau une breloque, on s'est dits qu'on avait été assez gentils et on a pris congé gentiment mais fermement, sous ses protestations... Ahlalala!
Avec tout ça on avait faim et on s'est arrêtés dans un agréable resto, le Djembé, pour déguster des spécialités sénégalaises: le yassa poulet (du poulet en sauce avec des oignons et du riz) et du thiéboudienne (du poisson avec du riz blanc ou aux tomates). Très bon, mais bien bourrant! À un moment donné la serveuse est arrivée avec une saucière pleine de riz croquant très grillé et un bol de liquide sombre. "Qu'est-ce que c'est?" "Le fond de la casserole et la sauce", qu'elle nous a répondu, comme si c'était une évidence! Ah... et on en censés en faire quoi? Haha!
On a ensuite été sortir de l'argent, non sans s'être fait demander par le gardien de sécurité d'ouvrir notre sac! Ce gars-là doit s'ennuyer ferme! Puis, on a longé la très ordinaire place de l'indépendance, où sont néanmoins concentrés deux jolis bâtiments coloniaux. Pour le reste, par contre, il n'y a pas grand-chose qui attire l'oeil. Sérieusement, le Sénégal est probablement l'un des pays aux infrastructures les plus déglinguées qu'on ait eu l'occasion de visiter. Presqu'ex-aequo avec le Guyana, c'est vous dire! Dakar est aussi une ville où marcher n'est pas spécialement agréable, sachant que les trottoirs - quand il y en a - sont encombrés de toutes sortes de trucs. On doit donc plus souvent qu'autrement marcher dans la rue, et être en compétition avec les bus, les motos et les taxis (et leurs gaz d'échappement respectifs)!
Après un détour par le supermarché (ici aussi, les gens manquent de monnaie et nous la rendent en bonbons, comme en Ouzbékistan!), on a fini par se rendre au port, une bâtisse un peu louche située près d'une grande artère industrielle peu invitante. Immédiatement, on a été repéré par un gars très collant qui s'est mis à nous jaser ça et à nous diriger bien malgré nous vers la caisse pour le ferry. Évidemment, il cherchait à nous vendre un truc: en l'occurrence ses services de guide pour l'île de Gorée. Ici, c'est la patience et nos nombreux refus polis qui l'ont finalement encouragé à aller pincer d'autres touristes... Touristes qui ne sont d'ailleurs pas légion à Dakar, et qui sont presqu'exclusivement français! On a voulu se rendre à la salle d'attente pour le bateau vers Gorée, et, naturellement, deux gars ont voulu nous aider. Difficile à dire s'ils travaillaient là ou non, mais bon. "Par ici!" nous ont-ils dit en déplaçant 3 lourdes barrières de métal qui bloquaient l'accès à un couloir. Euh... Vous êtes sûrs? Derrière nous attendait un gars - apparemment un agent de sécurité - qui a lui aussi exigé de voir nos sacs avec tout le sérieux que lui intimait sa fonction. "Pas de couteau?" "Non!" "Pas de bombe?" "Euh... non!" "C'est bon, allez-y!" Haha!
Après 30 minutes d'attente dans une salle bondée (depuis quand ces gens étaient-ils là, et surtout avaient-ils emprunté le même couloir obstrué que nous?), on a compris que le bateau était arrivé quand la foule s'est soudainement ruée dehors en courant! On a pu avoir une place à l'avant, entre 4 grandes plantes ("non, ce n'est pas de la déco pour le bateau, on les amène à Gorée!") et un autre guide touristique qui nous a lui aussi vendu sa salade, mais de façon tout de même moins intense. Chose curieuse, il portait une casquette de l'Île du Prince Édouard! En tout cas... La traversée a duré 15 minutes dans une bonne houle: on avait pitié des pauvres pêcheurs dans leur frêle pirogue! Et puis, on est arrivés dans un autre monde: l'île de Gorée, ses belles places sablonneuses, ses magnifiques vieilles demeures pastels et son absence de voitures. Disons que le contraste était saisissant entre la folie de Dakar et la tranquillité de Gorée! On a déposé nos affaires dans la superbe petite auberge qu'on avait réservé pour la nuit puis on est partis visiter l'attraction numéro 1 de l'île (et son côté sombre): la maison des esclaves.
Pour la visite, on nous a semi-imposé un guide, mais, compte tenu du peu de panneaux explicatifs, ses explications étaient réellement utiles! Par sa position stratégique, Gorée joua pendant un demi-siècle un rôle important dans la traite des esclaves. En effet, on est ici au point le plus à l'Ouest de l'Afrique, ce qui réduisait d'autant le voyage vers les Amériques. Ainsi, on capturait les esclaves sur le continent, et on les envoyait ensuite à Gorée où ils attendaient le bateau qui les enverrait dans les plantations des Amériques. Gorée étant une île, s'en échapper était complexe, d'autant plus que les eaux environnantes étaient infestées de requins. Au fil des années (Gorée a successivement été portugaise, hollandaise, anglaise et française), on estime que des millions d'esclaves auraient transité par l'île, ce qui en fait un lieu hautement symbolique de cet épisode peu glorieux de l'histoire de l'humanité. La maison des esclaves est une survivante des nombreuses demeures de ce genre qui étaient disséminées sur l'île. Grosso modo, les esclaves étaient entassés dans des cellules minuscules, dans des conditions évidemment horribles, où on les triait selon leur sexe et leur âge. Parmi ces infortunés, seules les jeunes filles avaient un mince espoir de recouvrer leur liberté, si elles acceptaient de coucher avec des marchands blancs et si elles tombaient ensuite enceintes... Ces femmes "libérées" devenaient ensuite des "signare", et occupaient des fonctions importantes dans la traite négrière. Pour les hommes, ceux qui étaient particulièrement robustes pouvaient éventuellement espérer devenir des gardiens d'esclaves, et devaient se montrer cruels pour ne pas subir l'esclavage eux aussi! Bref, un système affreux et déshumanisant. Le pire dans tout ça, c'est qu'alors que ces gens souffraient aux étages inférieurs, les marchands d'esclaves vivaient au-dessus sans problème! En tout cas ce fut une visite bien intéressante quoiqu'à l'atmosphère assez lourde! On est contents d'être Québécois et non Français à ce moment-là, et de savoir que nos ancêtres n'ont pas joué de rôle dans ce commerce repoussant!
On a ensuite déambulé au hasard dans les mignonnes allées de Gorée au soleil couchant. Bien sûr, il y avait plusieurs stands de souvenirs, et on n'a pas manqué de nous inciter à jeter un oeil - parfois de manière très insistante! On a aussi vu beaucoup d'animaux: Gorée est le paradis des chats errants, mais aussi des chèvres et des énormes pélicans qui fouinent sans vergogne chez les gens! En tout cas c'est vraiment un très bel endroit, très relaxant!
Pour souper, on avait choisi le resto chez Tonton, tout près de la plage, où on a pu se régaler de boulettes de poisson en sauce avec des bananes plantain! Les chats errants accouraient avant que le sympathique serveur ne les chasse. "Celui-là c'est George Bush, lui c'est Donald Trump - le plus mauvais du groupe - et le plus petit, c'est François Hollade!" a égrené le serveur en désignant les chats devant une famille de Français, dans un grand éclat de rire! On vous a dit que les Sénégalais sont charmants?
Après une bonne nuit de sommeil au son du groupe électrogène de l'île (l'électricité de Gorée est parfois produite par une génératrice, malheureusement située sous notre fenêtre), on a dégusté notre déjeuner dans la superbe cour intérieure de notre auberge. Marie-Pascale a été ravie de pouvoir goûter à toutes sortes de jus typiquement sénégalais: du ditak, du bissap, du jus de corrosol, et du jus de bouye! Puis, on a grimpé sur la petite colline qui surplombe l'île (le "castel"), où on avait de superbes vues sur la mer, le centre-ville de Dakar et le reste de Gorée! Il y avait beaucoup plus de touristes à cette heure-là, et on se réjouissait d'avoir passé la nuit sur l'île pratiquement seuls! Le castel étant aussi le lieu où étaient regroupés les artisans de l'île, on n'a pas manqué de nous inciter à regarder leurs oeuvres. Les peintures étaient réellement jolies, et on a finalement succombé (après avoir évidemment marchandé un peu: tout se négocie ici!) Par contre, on a eu plus de mal à se départir des nombreuses madames qui voulaient vendre des boucles d'oreilles à Mémé! "Vous rentrerez à Dakar à la nage!" nous a lancé, vexée, l'une d'entre elles quand on n'a pas acheté dans sa boutique haha!
En attendant, on a diné d'un sandwich aux merguez (style mitraillette, avec frites dedans, pourquoi pas) puis on a quitté à regrets ce petit havre de paix qu'est Gorée! Sur le bateau, on a parlé avec une Française en vacances avec sa fille dans un genre de club Med au Sénégal. Son voyage en avion depuis Paris (5h normalement) avait plutôt duré 30h: quelqu'un était mort dans l'avion, qui avait dû se poser d'urgence à Lisbonne. Ensuite, l'avion avait continué sa route vers sa destination finale, la Guinée (Dakar n'étant qu'un pit-stop pour ce vol), un pays moyennement recommandable. Sans visas (!), les voyageurs ont été enfermés une journée dans un hôtel de Conacky, ils ont été bloqués par des émeutiers sur leur route vers l'aéroport, certains ont été rackettés par la police... Bref, une histoire d'horreur invraisemblable !
De retour sur la terre ferme, on a visité un peu le Plateau, le quartier du centre-ville de Dakar. "Visiter" c'est un peu vite dit: il n'y a pas grand-chose qui soit un must dans la ville! On a tout de même vu la vieille gare désaffectée mais bien jolie (un jour, des trains sont censés rouler à nouveau à cet endroit, inch Allah), un marché aux vendeurs bien insistants, le palais présidentiel (où on s'est fait avertir par les gardes parce qu'on buvait de l'eau devant) et la cathédrale. Cela dit, à Dakar, les principales attractions sont les gens! Au cours de notre balade, j'ai serré la main à un gars baraqué qui nous saluait et celui-ci a ensuite dit mi-sérieux à Mémé: "Tu as choisi ton homme en raison de sa force!" Un autre monsieur a aussi tenté de faire croire à Mémé qu'ils se connaissaient et s'étaient croisés au Québec en 2014 (!?). À Dakar, il y a aussi beaucoup d'enfants qui mendient (on les appelle ici les "enfants talibés", parce qu'ils suivent souvent une instruction coranique gratuite). Comme pour tout le monde qui nous sollicite en insistant, la solution qu'on a trouvé ici est d'être super gentils avec eux, de leur demander s'ils ont passé une bonne journée... et éventuellement, ils finissent par se lasser et nous laisser tranquille! Plus généralement, les Sénégalais sont super avenants et très chaleureux!
On avait rendez-vous à 17h au Bureau du Québec à Dakar, où on rejoignait Mathieu pour une soirée avec des collègues du Ministère des Relations internationales et de la Francophonie qui travaillent maintenant à Dakar. On nous a fait visiter: c'est très spacieux, avec de superbes vues sur la mer et le centre-ville! Les locaux sont situés face à l'assemblée nationale, dans l'un des seuls immeubles modernes de Dakar. Ça a plus de gueule que l'ambassade du Canada, située dans une vieille bâtisse un peu plus loin! :)
Avec Mathieu et Lydia, qu'on avait vu deux jours plus tôt avec Erwan et Marilyse, on est allés prendre un verre sur la terrasse d'un hôtel du coin. On avait une vue superbe sur la mer et les Îles de la Madeleine, dans le soleil couchant... Oui, il y a une version sénégalaise inhabitée du célèbre archipel québécois! Une collègue de Lydia et son copain se sont joints à nous, suivi de Siasia, un collègue du ministère, et de sa blonde. Siasia est posté à Dakar depuis quelques mois et c'était très plaisant de le revoir! Disons qu'avec mon affectation prochaine à Shanghai, j'étais content de jaser avec lui de ses impressions à titre d'expatrié! Quand le soleil s'est couché et que le mercure est tombé, on a quitté la terrasse pour un excellent resto libanais de Dakar (avec les Français, les Libanais forment le 2e plus grand contingent de résidents étrangers au Sénégal, va savoir pourquoi). C'était un peu cher mais diablement bon, et ça a été un bien agréable souper!
Siasia nous a ramené en auto vers la maison de Marilyse et Erwan, sachant qu'il habite désormais dans le même quartier qu'eux (les Almadies). En chemin, il nous a fait une visite des quartiers populaires by night: le chaos est tout aussi palpable à 23h qu'à midi! Selon Siasia, conduire ici est un exercice hyperstimulant, où il faut constamment tenir compte du "facteur X": l'imprévu qui arrive sans crier gare! Ça peut prendre la forme d'un enfant, d'un vieux bus qui arrête subitement, d'une chèvre qui décide de traverser la rue, d'un pneu qui éclate... Bref, c'est du sport!
De retour chez Erwan et Marilyse, on s'est rendus compte qu'on n'avait pas la clé, mais heureusement le sympathique gardien de sécurité (il s'appelle François, c'est pas surprenant) nous a reconnu. On a jasé un peu avec Erwan avant d'aller dormir en vue de notre visite du lendemain: le lac Rose!
À bientôt!
Après avoir traîné un peu dans le lit, j'ai été rejoindre Mattéo, Antoine et Fatou dans la cuisine, pour le plus grand bonheur des enfants! J'ai déjeuné entre deux "François, regarde, j'ai mis mes sandales!" puis j'ai été lire des histoires aux deux petits bonshommes enthousiastes avant que Mémé ne me rejoigne. Marilyse et Erwan étaient déjà partis plus tôt ce matin-là, la première pour une mission au Cameroun (elle reviendrait quelques jours avant notre départ du Sénégal) et le deuxième pour le travail.
On avait comme plan aujourd'hui de se rendre à l'île de Gorée, apparemment l'une des plus belles attractions de Dakar. Or, la maison de Marylise et Erwan est située dans le quartiers des Almadies, en banlieue nord de Dakar, alors que Gorée est complètement au sud, près du centre-ville. Comme on voulait tester le transport en commun local, on a demandé à Fatou comment on pourrait s'y rendre. "Prenez le minibus Tata 3 puis le bus 1 à l'école normale, je vous accompagne à l'arrêt!" Après avoir désamorcé une crise entre Mattéo et Antoine et séché les larmes du premier, on est donc tous partis vers l'arrêt de bus, sous les sourires des gardiens de sécurité. On a dit au revoir aux enfants, Fatou a embrassé Mémé puis on est partis dans le vieux bus pourri!
C'est comment, prendre les transports en commun au Sénégal? On pourrait résumer l'expérience à "bondé, déglingué et très lent"! Il y a en fait 3 genres de bus publics: des bus de ville normaux (comme on a chez nous), des minibus Tata blancs (des vieux minibus de marque Tata ou des minivans transformées, un peu comme les marshoutkas en ex-URSS) et - de loin les plus folkoriques - les mal-nommés "cars rapides", de vieux machins pétaradants, sans fenêtres, peints de couleurs vives et couverts d'inscriptions religieuses ("Alhamdouliha!") ou plus mystérieuses ("Le retour de Gouba"?). Généralement, il y a une ou plusieurs personnes accrochées à la carlingue en arrière des minibus, dont la porte arrière reste ouverte! Dans toute cette cohue, le caissier est assis dans une cage grillagée et collecte tranquillement l'argent pendant que les gens se contorsionnent dans l'allée pour sortir ou entrer. Ingénieux!
On avait surtout vu les banlieues à date, mais là, dans notre long passage en bus, on a pu s'imprégner un peu plus du tissu urbain de la ville. En quelques mots, Dakar est une ville chaotique, polluée, à l'esthétique assez quelconque et à la circulation infernale! Il y a des gens partout qui traversent la rue n'importe comment, des vendeurs de bric et de broc guettent le passant à tout les coins, des hommes en long boubous blancs en saluent d'autres en souriant, des femmes arborent de magnifiques costumes écarlates (certaines transportent vraiment toutes sortes de choses sur leur tête)!... Il y a des déchets partout, les chèvres et les poulets font de fréquentes apparitions dans les rues, il n'y a aucune forme de signalisation routière, tout tombe en ruine... Bref, c'est un joyeux désordre auquel les Sénégalais font face avec humour et bonne humeur. Et ils sont ravis d'accueillir les visiteurs étrangers, au nom de leur hospitalité légendaire (la "teranga")!
Après avoir changé de bus près de l'université, on est finalement arrivés près de la place de l'indépendance, le coeur de la ville. "Bonjour les jeunes mariés!" nous a lancé quelqu'un sur le trottoir! C'était la première fois qu'on nous disait ça, et on ne compte plus les fois où c'est arrivé depuis haha! En passant, au Sénégal, la politesse veut que toute conversation, même anodine (genre commander un plat, demander son chemin, payer un tarif d'entrée...) débute par "Bonjour, ça va bien?" "Ça va bien, et vous?" "Ça va." Et après on peut commencer à discuter des choses sérieuses! Bien sympathique comme tradition! Le problème, c'est que comme on nous salue comme ça 50 fois par jour, c'est parfois difficile de distinguer le bon grain de l'ivraie! Comme ce gars hyper gentil qui nous a accosté près de la place de l'indépendance et qui, après quelques aimables paroles, nous a dit qu'il voulait nous donner sa carte d'affaires... "Mon magasin est à côté!" Mouin, c'était à plusieurs coins de rue disons... ça sentait l'arnaque à plein nez mais on ne savait pas trop comment se tirer de cette situation déplaisante sans l'offenser... Quand il a voulu nous donner en cadeau une breloque, on s'est dits qu'on avait été assez gentils et on a pris congé gentiment mais fermement, sous ses protestations... Ahlalala!
Avec tout ça on avait faim et on s'est arrêtés dans un agréable resto, le Djembé, pour déguster des spécialités sénégalaises: le yassa poulet (du poulet en sauce avec des oignons et du riz) et du thiéboudienne (du poisson avec du riz blanc ou aux tomates). Très bon, mais bien bourrant! À un moment donné la serveuse est arrivée avec une saucière pleine de riz croquant très grillé et un bol de liquide sombre. "Qu'est-ce que c'est?" "Le fond de la casserole et la sauce", qu'elle nous a répondu, comme si c'était une évidence! Ah... et on en censés en faire quoi? Haha!
On a ensuite été sortir de l'argent, non sans s'être fait demander par le gardien de sécurité d'ouvrir notre sac! Ce gars-là doit s'ennuyer ferme! Puis, on a longé la très ordinaire place de l'indépendance, où sont néanmoins concentrés deux jolis bâtiments coloniaux. Pour le reste, par contre, il n'y a pas grand-chose qui attire l'oeil. Sérieusement, le Sénégal est probablement l'un des pays aux infrastructures les plus déglinguées qu'on ait eu l'occasion de visiter. Presqu'ex-aequo avec le Guyana, c'est vous dire! Dakar est aussi une ville où marcher n'est pas spécialement agréable, sachant que les trottoirs - quand il y en a - sont encombrés de toutes sortes de trucs. On doit donc plus souvent qu'autrement marcher dans la rue, et être en compétition avec les bus, les motos et les taxis (et leurs gaz d'échappement respectifs)!
Après un détour par le supermarché (ici aussi, les gens manquent de monnaie et nous la rendent en bonbons, comme en Ouzbékistan!), on a fini par se rendre au port, une bâtisse un peu louche située près d'une grande artère industrielle peu invitante. Immédiatement, on a été repéré par un gars très collant qui s'est mis à nous jaser ça et à nous diriger bien malgré nous vers la caisse pour le ferry. Évidemment, il cherchait à nous vendre un truc: en l'occurrence ses services de guide pour l'île de Gorée. Ici, c'est la patience et nos nombreux refus polis qui l'ont finalement encouragé à aller pincer d'autres touristes... Touristes qui ne sont d'ailleurs pas légion à Dakar, et qui sont presqu'exclusivement français! On a voulu se rendre à la salle d'attente pour le bateau vers Gorée, et, naturellement, deux gars ont voulu nous aider. Difficile à dire s'ils travaillaient là ou non, mais bon. "Par ici!" nous ont-ils dit en déplaçant 3 lourdes barrières de métal qui bloquaient l'accès à un couloir. Euh... Vous êtes sûrs? Derrière nous attendait un gars - apparemment un agent de sécurité - qui a lui aussi exigé de voir nos sacs avec tout le sérieux que lui intimait sa fonction. "Pas de couteau?" "Non!" "Pas de bombe?" "Euh... non!" "C'est bon, allez-y!" Haha!
Après 30 minutes d'attente dans une salle bondée (depuis quand ces gens étaient-ils là, et surtout avaient-ils emprunté le même couloir obstrué que nous?), on a compris que le bateau était arrivé quand la foule s'est soudainement ruée dehors en courant! On a pu avoir une place à l'avant, entre 4 grandes plantes ("non, ce n'est pas de la déco pour le bateau, on les amène à Gorée!") et un autre guide touristique qui nous a lui aussi vendu sa salade, mais de façon tout de même moins intense. Chose curieuse, il portait une casquette de l'Île du Prince Édouard! En tout cas... La traversée a duré 15 minutes dans une bonne houle: on avait pitié des pauvres pêcheurs dans leur frêle pirogue! Et puis, on est arrivés dans un autre monde: l'île de Gorée, ses belles places sablonneuses, ses magnifiques vieilles demeures pastels et son absence de voitures. Disons que le contraste était saisissant entre la folie de Dakar et la tranquillité de Gorée! On a déposé nos affaires dans la superbe petite auberge qu'on avait réservé pour la nuit puis on est partis visiter l'attraction numéro 1 de l'île (et son côté sombre): la maison des esclaves.
Pour la visite, on nous a semi-imposé un guide, mais, compte tenu du peu de panneaux explicatifs, ses explications étaient réellement utiles! Par sa position stratégique, Gorée joua pendant un demi-siècle un rôle important dans la traite des esclaves. En effet, on est ici au point le plus à l'Ouest de l'Afrique, ce qui réduisait d'autant le voyage vers les Amériques. Ainsi, on capturait les esclaves sur le continent, et on les envoyait ensuite à Gorée où ils attendaient le bateau qui les enverrait dans les plantations des Amériques. Gorée étant une île, s'en échapper était complexe, d'autant plus que les eaux environnantes étaient infestées de requins. Au fil des années (Gorée a successivement été portugaise, hollandaise, anglaise et française), on estime que des millions d'esclaves auraient transité par l'île, ce qui en fait un lieu hautement symbolique de cet épisode peu glorieux de l'histoire de l'humanité. La maison des esclaves est une survivante des nombreuses demeures de ce genre qui étaient disséminées sur l'île. Grosso modo, les esclaves étaient entassés dans des cellules minuscules, dans des conditions évidemment horribles, où on les triait selon leur sexe et leur âge. Parmi ces infortunés, seules les jeunes filles avaient un mince espoir de recouvrer leur liberté, si elles acceptaient de coucher avec des marchands blancs et si elles tombaient ensuite enceintes... Ces femmes "libérées" devenaient ensuite des "signare", et occupaient des fonctions importantes dans la traite négrière. Pour les hommes, ceux qui étaient particulièrement robustes pouvaient éventuellement espérer devenir des gardiens d'esclaves, et devaient se montrer cruels pour ne pas subir l'esclavage eux aussi! Bref, un système affreux et déshumanisant. Le pire dans tout ça, c'est qu'alors que ces gens souffraient aux étages inférieurs, les marchands d'esclaves vivaient au-dessus sans problème! En tout cas ce fut une visite bien intéressante quoiqu'à l'atmosphère assez lourde! On est contents d'être Québécois et non Français à ce moment-là, et de savoir que nos ancêtres n'ont pas joué de rôle dans ce commerce repoussant!
On a ensuite déambulé au hasard dans les mignonnes allées de Gorée au soleil couchant. Bien sûr, il y avait plusieurs stands de souvenirs, et on n'a pas manqué de nous inciter à jeter un oeil - parfois de manière très insistante! On a aussi vu beaucoup d'animaux: Gorée est le paradis des chats errants, mais aussi des chèvres et des énormes pélicans qui fouinent sans vergogne chez les gens! En tout cas c'est vraiment un très bel endroit, très relaxant!
Pour souper, on avait choisi le resto chez Tonton, tout près de la plage, où on a pu se régaler de boulettes de poisson en sauce avec des bananes plantain! Les chats errants accouraient avant que le sympathique serveur ne les chasse. "Celui-là c'est George Bush, lui c'est Donald Trump - le plus mauvais du groupe - et le plus petit, c'est François Hollade!" a égrené le serveur en désignant les chats devant une famille de Français, dans un grand éclat de rire! On vous a dit que les Sénégalais sont charmants?
Après une bonne nuit de sommeil au son du groupe électrogène de l'île (l'électricité de Gorée est parfois produite par une génératrice, malheureusement située sous notre fenêtre), on a dégusté notre déjeuner dans la superbe cour intérieure de notre auberge. Marie-Pascale a été ravie de pouvoir goûter à toutes sortes de jus typiquement sénégalais: du ditak, du bissap, du jus de corrosol, et du jus de bouye! Puis, on a grimpé sur la petite colline qui surplombe l'île (le "castel"), où on avait de superbes vues sur la mer, le centre-ville de Dakar et le reste de Gorée! Il y avait beaucoup plus de touristes à cette heure-là, et on se réjouissait d'avoir passé la nuit sur l'île pratiquement seuls! Le castel étant aussi le lieu où étaient regroupés les artisans de l'île, on n'a pas manqué de nous inciter à regarder leurs oeuvres. Les peintures étaient réellement jolies, et on a finalement succombé (après avoir évidemment marchandé un peu: tout se négocie ici!) Par contre, on a eu plus de mal à se départir des nombreuses madames qui voulaient vendre des boucles d'oreilles à Mémé! "Vous rentrerez à Dakar à la nage!" nous a lancé, vexée, l'une d'entre elles quand on n'a pas acheté dans sa boutique haha!
En attendant, on a diné d'un sandwich aux merguez (style mitraillette, avec frites dedans, pourquoi pas) puis on a quitté à regrets ce petit havre de paix qu'est Gorée! Sur le bateau, on a parlé avec une Française en vacances avec sa fille dans un genre de club Med au Sénégal. Son voyage en avion depuis Paris (5h normalement) avait plutôt duré 30h: quelqu'un était mort dans l'avion, qui avait dû se poser d'urgence à Lisbonne. Ensuite, l'avion avait continué sa route vers sa destination finale, la Guinée (Dakar n'étant qu'un pit-stop pour ce vol), un pays moyennement recommandable. Sans visas (!), les voyageurs ont été enfermés une journée dans un hôtel de Conacky, ils ont été bloqués par des émeutiers sur leur route vers l'aéroport, certains ont été rackettés par la police... Bref, une histoire d'horreur invraisemblable !
De retour sur la terre ferme, on a visité un peu le Plateau, le quartier du centre-ville de Dakar. "Visiter" c'est un peu vite dit: il n'y a pas grand-chose qui soit un must dans la ville! On a tout de même vu la vieille gare désaffectée mais bien jolie (un jour, des trains sont censés rouler à nouveau à cet endroit, inch Allah), un marché aux vendeurs bien insistants, le palais présidentiel (où on s'est fait avertir par les gardes parce qu'on buvait de l'eau devant) et la cathédrale. Cela dit, à Dakar, les principales attractions sont les gens! Au cours de notre balade, j'ai serré la main à un gars baraqué qui nous saluait et celui-ci a ensuite dit mi-sérieux à Mémé: "Tu as choisi ton homme en raison de sa force!" Un autre monsieur a aussi tenté de faire croire à Mémé qu'ils se connaissaient et s'étaient croisés au Québec en 2014 (!?). À Dakar, il y a aussi beaucoup d'enfants qui mendient (on les appelle ici les "enfants talibés", parce qu'ils suivent souvent une instruction coranique gratuite). Comme pour tout le monde qui nous sollicite en insistant, la solution qu'on a trouvé ici est d'être super gentils avec eux, de leur demander s'ils ont passé une bonne journée... et éventuellement, ils finissent par se lasser et nous laisser tranquille! Plus généralement, les Sénégalais sont super avenants et très chaleureux!
On avait rendez-vous à 17h au Bureau du Québec à Dakar, où on rejoignait Mathieu pour une soirée avec des collègues du Ministère des Relations internationales et de la Francophonie qui travaillent maintenant à Dakar. On nous a fait visiter: c'est très spacieux, avec de superbes vues sur la mer et le centre-ville! Les locaux sont situés face à l'assemblée nationale, dans l'un des seuls immeubles modernes de Dakar. Ça a plus de gueule que l'ambassade du Canada, située dans une vieille bâtisse un peu plus loin! :)
Avec Mathieu et Lydia, qu'on avait vu deux jours plus tôt avec Erwan et Marilyse, on est allés prendre un verre sur la terrasse d'un hôtel du coin. On avait une vue superbe sur la mer et les Îles de la Madeleine, dans le soleil couchant... Oui, il y a une version sénégalaise inhabitée du célèbre archipel québécois! Une collègue de Lydia et son copain se sont joints à nous, suivi de Siasia, un collègue du ministère, et de sa blonde. Siasia est posté à Dakar depuis quelques mois et c'était très plaisant de le revoir! Disons qu'avec mon affectation prochaine à Shanghai, j'étais content de jaser avec lui de ses impressions à titre d'expatrié! Quand le soleil s'est couché et que le mercure est tombé, on a quitté la terrasse pour un excellent resto libanais de Dakar (avec les Français, les Libanais forment le 2e plus grand contingent de résidents étrangers au Sénégal, va savoir pourquoi). C'était un peu cher mais diablement bon, et ça a été un bien agréable souper!
Siasia nous a ramené en auto vers la maison de Marilyse et Erwan, sachant qu'il habite désormais dans le même quartier qu'eux (les Almadies). En chemin, il nous a fait une visite des quartiers populaires by night: le chaos est tout aussi palpable à 23h qu'à midi! Selon Siasia, conduire ici est un exercice hyperstimulant, où il faut constamment tenir compte du "facteur X": l'imprévu qui arrive sans crier gare! Ça peut prendre la forme d'un enfant, d'un vieux bus qui arrête subitement, d'une chèvre qui décide de traverser la rue, d'un pneu qui éclate... Bref, c'est du sport!
De retour chez Erwan et Marilyse, on s'est rendus compte qu'on n'avait pas la clé, mais heureusement le sympathique gardien de sécurité (il s'appelle François, c'est pas surprenant) nous a reconnu. On a jasé un peu avec Erwan avant d'aller dormir en vue de notre visite du lendemain: le lac Rose!
À bientôt!
mercredi 22 février 2017
Arrivée au Sénégal
Salut tout le monde!
C'est Marie-Pascale qui va vous raconter notre arrivée sur le continent africain!
C'est en soirée qu'on est partis dimanche de Montréal, errant jusqu'à plus soif dans le joli nouveau terminal international de YUL. Rien de vraiment extraordinaire à raconter mis à part une madame un peu fatigante qui nous avait abordé pour poser des questions et qui chialait contre le tapon de monde qui faisait la file pour entrer dans l'avion: "non mais c'est rendu vraiment désagréable de voyager." Quel ne fut pas notre bonheur de voir qu'elle occupait le siège à côté de nous dans l'avion!
Entre le délicieux repas et le champagne (merci Air France!), Francois a écouté des films et j'ai pu dormir un peu (merci résidence!). L'escale de 4h à Paris est passée rapidement vu qu'on a dormi tout le long sur des bancs comme des hobos, puis on a pris notre vol vers Dakar, où on est arrivés à 20:30 heure locale! C'est l'humidité plutôt que la chaleur qui nous a frappé en sortant de l'avion et on a pu observer à fond les douanes sénégalaises où on allait passer les 45 prochaines minutes! L'avion était moitié africain, moitié français et un dixième asiatique. (Oui je sais Papa, ça donne plus que 100%.) On savait qu'il y avait beaucoup d'échanges commerciaux entre les Chinois et l'Afrique mais il y avait aussi quelques Coréens dans le vol. Quant à eux, les Français viennent souvent au Sénégal pour affaires, tourisme ou pour passer leur retraite dans un pays moins onéreux. En tout cas, l'une d'entre elle avait l'air de bien regretter son choix et chialait abondamment sur (la non-)efficacité des douanes et sur à quel point les files en France étaient mieux organisées et que ça lui donnait des envies de ne plus jamais revenir ici! Une Sénégalaise a fini par s'en mêler et lui a fait comprendre qu'ils n'avaient pas de leçons à recevoir de l'aéroport Charles de Gaulle!
On est finalement sortis de l'aéroport à la recherche de Erwan, la moitié masculine du couple d'amis qu'on allait visiter à Dakar! L'organisation de la sortie de l'aéroport est originale mais bien pensée: un grillage entoure le chemin qui se rend jusqu'au stationnement, ce qui évite que les gens forment un attroupement monstre et que le pauvre touriste en décalage horaire ait à se faufiler parmi eux en fuyant les "taxi", "taxi", "hôtel"? Par contre, ça fait un peu comme si les gens derrière les barreaux étaient en prison et comme ils n'ont rien d'autre à faire que de te fixer intensément quand tu passes, ça fait un peu intimidant...
On a finalement retrouvé Erwan puis on l'a accompagné à sa voiture avant de se rendre chez eux, assise pour ma part dans un des sièges de bébé à l'arrière! Marilyse et Erwan sont un couple d'amis de Québec, mais qui habitaient dernièrement à Ottawa depuis que Marilyse a changé d'emploi pour le Ministère de l'immigration et des réfugiés du Canada. Ils sont à Dakar depuis cet été, avec leurs deux garçons: Matteo (4 ans) et Antoine (2 ans et demi), deux enfants blondinets à croquer et qui ont de l'énergie à revendre!
Ils habitent dans le quartier des Almadies, ze quartier chic de Dakar. Reste qu'avec ses rues en terre, les déchets et le gros rat qui traversait la rue quand on y est arrivés, ce n'est pas nécessairement ce qu'on aurait dit d'emblée! La maison, fournie par le gouvernement canadien, est hautement sécurisée avec de grands murs et des barbelés au-dessus, et est gardée par un gardien à temps plein! Une fois dans le garage géant, une allée recouverte de fleurs roses nous mène au palace, qui compte 4 chambres, 2 salons, une salle à manger et 6 salles de bain! Disons que nos amis, plutôt du type simplicité volontaire, ont fait un saut quand ils sont arrivés initialement!!
Marilyse nous attendait avec des biscuits et du jus du fruit de baobab (aussi appelé du jus de bouille)! Vous saviez que le baobab faisait des fruits?? Pas nous! On en a vu et ça ressemble à des grosses patates verdâtres qui pendent sur des branches molles du baobab... On s'est donnés des nouvelles des derniers mois et on s'est fait raconter comment est la vie à Dakar en tant qu'expatriés avec tous les défis que ça comporte! Puis on s'est retirés dans notre chambre d'amis (du double de notre chambre à Québec) pour notre première nuit en sol africain!
On s'est éveillés au son des 2 poules qui passent leurs journées dans le jardin devant la maison et on a déjeuné avec Marilyse et les garçons, avant de quitter pour aller visiter la ville avec eux! Dakar est chaotique, probablement une des villes les plus désordonnées qu'on ait vues! Et on adore! Les maisons sont carrées, majoritairement en chaux beige, et disons qu'elles sont soit à moitié construites ou soit qu'elles tombent presque en ruine...! Les rues sont sablonneuses, avec des nids-de-poule dont Montréal pourrait être jalouse, et n'ont pas vraiment de noms pour la plupart. C'est une ville qui bouillonne d'énergie, avec des gens partout, des autos pare-choc à pare-choc, du bruit... Chaque carré de trottoir est occupé par une dame qui vend des arachides, des réfrigérateurs, des vendeurs de T-shirts ou des vieux papis en costume traditionnel qui observent l'anarchie ambiante. Niveau locomotion: des taxis déglingués jaunes et noirs et des vieux bus puants se partagent la rue, avec quelques chevaux tirant des charrettes!
Notre premier arrêt a été la statue de la Renaissance africaine, œuvre délicate s'il en est une, avec ses 52 mètres de haut, représentant un couple et un enfant, tous trop dénudés au goût de l'islam local. Bizarrement, elle a été construite par la Corée du Nord, dont l'ambassade est d'ailleurs le voisin direct de la maison de Marylise et Erwan (pour le plus grand plaisir de François)! Comme la statue surplombe Dakar sur une des deux seules collines de la métropole (appelées "les Mamelles"), on a pu admirer la ville d'un côté et la mer de l'autre!
Puis on s'est rendus au Phare sur l'autre Mamelle, construit en 1864. On a stationné l'auto pour monter un peu à pied et on se croyait instantanément loin du brouhaha de la ville, entourés de plantes grasses et avec la vue sur la mer! Il faut dire qu'on est en hiver mais Dakar est une ville avec d'emblée peu de verdure. Il y a de grands baobabs et quelques palmiers mais sinon la nature se concentre surtout dans des jardins privés ou avec des plantes en pots qui longent les murs. Après une visite guidée du phare, on a joué à "1, 2, 3, statue" avec les garçons puis on est revenus tranquillement vers l'auto, pour se rendre à la mosquée de la divinité. Imposante mosquée avec 2 minarets en céramiques blanches et colorées, elle est voisine d'une plage bien vivante! Des pirogues colorées en bois (grosses comme un rabaska) y sont échouées en attendant leur tour, faisant un peu d'ombre à des Sénégalais qui faisaient la sieste en dessous ou qui réparaient des filets de pêche! D'autres faisaient cuire du poisson sur un feu ou certains en combinaison de plongée se lançaient à l'eau pour attraper quelques poissons! On est restés un bout de temps devant la mer, à jaser avec Marilyse pendant que les garçons filaient le pur bonheur en jouant dans le sable et en ramassant des coquillages.
En revenant vers l'auto, poursuivant un des milliers de troupeaux de chèvres qui bêlent toute la journée, on est passés au beau milieu d'une querelle entre des pêcheurs / des gars de la construction. Il faut dire que les Sénégalais ont parfois l'air de s'engueuler copieusement alors qu'ils ne font que parler alors je ne saurais dire de quoi il s'agissait ici!
Revenus à la maison, on a joué autour de la piscine avec Matteo et Antoine pendant que Marilyse préparer un dîner (on vous l'a dit qu'on était reçus comme des rois?!). En fait, c'est juste François qui s'est baigné finalement. Il faut dire qu'il ne fait pas SI chaud actuellement: 17 degrés la nuit et jusqu'à 27 le jour donc c'est très très tolérable, même frais par moment! François: mais comment résister quand tu peux nager en regardant flotter le drapeau nord-coréen chez les voisins??
Après avoir couché les enfants pour la sieste et les avoir confié à Fatou, la nounou / femme de ménage vraiment gentille des enfants, notre trio est parti explorer le quartier de N'gor à pied! Marilyse, qui n'a pas eu beaucoup de congé pour visiter, semblait aussi contente que nous de découvrir la ville! On s'est rendus à la plage via quelques ruelles anonymes où des Dakarois tiennent des minuscules dépanneurs ou des ateliers de couture!
L'île de N'Gor était juste devant nous et on a décidé de sauter dans une des pirogues qui fait la navette. Déjà mouillés jusqu'aux mollets pour pouvoir grimper dessus, on a pris place sur des planches de bois, les pieds trempant dans le 20 cm d'eau accumulé dans la cale du bateau, vêtus de vestes de sauvetage qui ont dû faire la guerre. Quelques minutes plus tard, on était rendus sur la petite île! On a fait le tour tranquillement, longeant quelques falaises magnifiques sur lesquelles se jetaient des vagues d'eau turquoise! L'île était constituée de petites ruelles avec des plantes grimpantes en floraison partout, c'était superbe!
Revenus au point de départ, on a attendu la pirogue de retour en regardant les recrues de l'armée apprendre à nager! Chacun leur tour ils devaient aller dans l'eau et se faisaient montrer comment faire de la brasse, en allant de plus en plus creux à chaque fois! On a pu observer le manège pendant assez longtemps parce qu'il n'y avait tout simplement pas de pirogue qui revenait sur l'île... Morale sénégalaise #1: les choses se passent leeentement. Ce n'est pas parce que le trajet a été super efficace la première fois qu'on peut compter là-dessus la fois suivante! Après un bon 45 minutes d'attente, où on stressait un peu parce que Fatou finit de travailler habituellement à l'heure où on attendait toujours la pirogue, on a fini par pouvoir revenir sur la terre ferme!
On a remercié Fatou et on est repartis avec les enfants pour un resto où on avait rendez-vous avec Erwan et d'autres employés du Ministère de l'immigration ou du nouveau Bureau du Québec à Dakar (Lydia et Matthieu), que François connaissait déjà! Le petit resto était vraiment mignon, à aire ouverte sur la plage et on a eu droit à un beau coucher de soleil! On a jasé longuement devant la bière locale Flag et on a mangé nos premiers mets sénégalais: brochette de lotte (un poisson) et poulet à l'ail (c'était bien bon)!
Voilà pour notre première journée, bien relaxante malgré qu'elle était bien remplie!
C'est Marie-Pascale qui va vous raconter notre arrivée sur le continent africain!
C'est en soirée qu'on est partis dimanche de Montréal, errant jusqu'à plus soif dans le joli nouveau terminal international de YUL. Rien de vraiment extraordinaire à raconter mis à part une madame un peu fatigante qui nous avait abordé pour poser des questions et qui chialait contre le tapon de monde qui faisait la file pour entrer dans l'avion: "non mais c'est rendu vraiment désagréable de voyager." Quel ne fut pas notre bonheur de voir qu'elle occupait le siège à côté de nous dans l'avion!
Entre le délicieux repas et le champagne (merci Air France!), Francois a écouté des films et j'ai pu dormir un peu (merci résidence!). L'escale de 4h à Paris est passée rapidement vu qu'on a dormi tout le long sur des bancs comme des hobos, puis on a pris notre vol vers Dakar, où on est arrivés à 20:30 heure locale! C'est l'humidité plutôt que la chaleur qui nous a frappé en sortant de l'avion et on a pu observer à fond les douanes sénégalaises où on allait passer les 45 prochaines minutes! L'avion était moitié africain, moitié français et un dixième asiatique. (Oui je sais Papa, ça donne plus que 100%.) On savait qu'il y avait beaucoup d'échanges commerciaux entre les Chinois et l'Afrique mais il y avait aussi quelques Coréens dans le vol. Quant à eux, les Français viennent souvent au Sénégal pour affaires, tourisme ou pour passer leur retraite dans un pays moins onéreux. En tout cas, l'une d'entre elle avait l'air de bien regretter son choix et chialait abondamment sur (la non-)efficacité des douanes et sur à quel point les files en France étaient mieux organisées et que ça lui donnait des envies de ne plus jamais revenir ici! Une Sénégalaise a fini par s'en mêler et lui a fait comprendre qu'ils n'avaient pas de leçons à recevoir de l'aéroport Charles de Gaulle!
On est finalement sortis de l'aéroport à la recherche de Erwan, la moitié masculine du couple d'amis qu'on allait visiter à Dakar! L'organisation de la sortie de l'aéroport est originale mais bien pensée: un grillage entoure le chemin qui se rend jusqu'au stationnement, ce qui évite que les gens forment un attroupement monstre et que le pauvre touriste en décalage horaire ait à se faufiler parmi eux en fuyant les "taxi", "taxi", "hôtel"? Par contre, ça fait un peu comme si les gens derrière les barreaux étaient en prison et comme ils n'ont rien d'autre à faire que de te fixer intensément quand tu passes, ça fait un peu intimidant...
On a finalement retrouvé Erwan puis on l'a accompagné à sa voiture avant de se rendre chez eux, assise pour ma part dans un des sièges de bébé à l'arrière! Marilyse et Erwan sont un couple d'amis de Québec, mais qui habitaient dernièrement à Ottawa depuis que Marilyse a changé d'emploi pour le Ministère de l'immigration et des réfugiés du Canada. Ils sont à Dakar depuis cet été, avec leurs deux garçons: Matteo (4 ans) et Antoine (2 ans et demi), deux enfants blondinets à croquer et qui ont de l'énergie à revendre!
Ils habitent dans le quartier des Almadies, ze quartier chic de Dakar. Reste qu'avec ses rues en terre, les déchets et le gros rat qui traversait la rue quand on y est arrivés, ce n'est pas nécessairement ce qu'on aurait dit d'emblée! La maison, fournie par le gouvernement canadien, est hautement sécurisée avec de grands murs et des barbelés au-dessus, et est gardée par un gardien à temps plein! Une fois dans le garage géant, une allée recouverte de fleurs roses nous mène au palace, qui compte 4 chambres, 2 salons, une salle à manger et 6 salles de bain! Disons que nos amis, plutôt du type simplicité volontaire, ont fait un saut quand ils sont arrivés initialement!!
Marilyse nous attendait avec des biscuits et du jus du fruit de baobab (aussi appelé du jus de bouille)! Vous saviez que le baobab faisait des fruits?? Pas nous! On en a vu et ça ressemble à des grosses patates verdâtres qui pendent sur des branches molles du baobab... On s'est donnés des nouvelles des derniers mois et on s'est fait raconter comment est la vie à Dakar en tant qu'expatriés avec tous les défis que ça comporte! Puis on s'est retirés dans notre chambre d'amis (du double de notre chambre à Québec) pour notre première nuit en sol africain!
On s'est éveillés au son des 2 poules qui passent leurs journées dans le jardin devant la maison et on a déjeuné avec Marilyse et les garçons, avant de quitter pour aller visiter la ville avec eux! Dakar est chaotique, probablement une des villes les plus désordonnées qu'on ait vues! Et on adore! Les maisons sont carrées, majoritairement en chaux beige, et disons qu'elles sont soit à moitié construites ou soit qu'elles tombent presque en ruine...! Les rues sont sablonneuses, avec des nids-de-poule dont Montréal pourrait être jalouse, et n'ont pas vraiment de noms pour la plupart. C'est une ville qui bouillonne d'énergie, avec des gens partout, des autos pare-choc à pare-choc, du bruit... Chaque carré de trottoir est occupé par une dame qui vend des arachides, des réfrigérateurs, des vendeurs de T-shirts ou des vieux papis en costume traditionnel qui observent l'anarchie ambiante. Niveau locomotion: des taxis déglingués jaunes et noirs et des vieux bus puants se partagent la rue, avec quelques chevaux tirant des charrettes!
Notre premier arrêt a été la statue de la Renaissance africaine, œuvre délicate s'il en est une, avec ses 52 mètres de haut, représentant un couple et un enfant, tous trop dénudés au goût de l'islam local. Bizarrement, elle a été construite par la Corée du Nord, dont l'ambassade est d'ailleurs le voisin direct de la maison de Marylise et Erwan (pour le plus grand plaisir de François)! Comme la statue surplombe Dakar sur une des deux seules collines de la métropole (appelées "les Mamelles"), on a pu admirer la ville d'un côté et la mer de l'autre!
Puis on s'est rendus au Phare sur l'autre Mamelle, construit en 1864. On a stationné l'auto pour monter un peu à pied et on se croyait instantanément loin du brouhaha de la ville, entourés de plantes grasses et avec la vue sur la mer! Il faut dire qu'on est en hiver mais Dakar est une ville avec d'emblée peu de verdure. Il y a de grands baobabs et quelques palmiers mais sinon la nature se concentre surtout dans des jardins privés ou avec des plantes en pots qui longent les murs. Après une visite guidée du phare, on a joué à "1, 2, 3, statue" avec les garçons puis on est revenus tranquillement vers l'auto, pour se rendre à la mosquée de la divinité. Imposante mosquée avec 2 minarets en céramiques blanches et colorées, elle est voisine d'une plage bien vivante! Des pirogues colorées en bois (grosses comme un rabaska) y sont échouées en attendant leur tour, faisant un peu d'ombre à des Sénégalais qui faisaient la sieste en dessous ou qui réparaient des filets de pêche! D'autres faisaient cuire du poisson sur un feu ou certains en combinaison de plongée se lançaient à l'eau pour attraper quelques poissons! On est restés un bout de temps devant la mer, à jaser avec Marilyse pendant que les garçons filaient le pur bonheur en jouant dans le sable et en ramassant des coquillages.
En revenant vers l'auto, poursuivant un des milliers de troupeaux de chèvres qui bêlent toute la journée, on est passés au beau milieu d'une querelle entre des pêcheurs / des gars de la construction. Il faut dire que les Sénégalais ont parfois l'air de s'engueuler copieusement alors qu'ils ne font que parler alors je ne saurais dire de quoi il s'agissait ici!
Revenus à la maison, on a joué autour de la piscine avec Matteo et Antoine pendant que Marilyse préparer un dîner (on vous l'a dit qu'on était reçus comme des rois?!). En fait, c'est juste François qui s'est baigné finalement. Il faut dire qu'il ne fait pas SI chaud actuellement: 17 degrés la nuit et jusqu'à 27 le jour donc c'est très très tolérable, même frais par moment! François: mais comment résister quand tu peux nager en regardant flotter le drapeau nord-coréen chez les voisins??
Après avoir couché les enfants pour la sieste et les avoir confié à Fatou, la nounou / femme de ménage vraiment gentille des enfants, notre trio est parti explorer le quartier de N'gor à pied! Marilyse, qui n'a pas eu beaucoup de congé pour visiter, semblait aussi contente que nous de découvrir la ville! On s'est rendus à la plage via quelques ruelles anonymes où des Dakarois tiennent des minuscules dépanneurs ou des ateliers de couture!
L'île de N'Gor était juste devant nous et on a décidé de sauter dans une des pirogues qui fait la navette. Déjà mouillés jusqu'aux mollets pour pouvoir grimper dessus, on a pris place sur des planches de bois, les pieds trempant dans le 20 cm d'eau accumulé dans la cale du bateau, vêtus de vestes de sauvetage qui ont dû faire la guerre. Quelques minutes plus tard, on était rendus sur la petite île! On a fait le tour tranquillement, longeant quelques falaises magnifiques sur lesquelles se jetaient des vagues d'eau turquoise! L'île était constituée de petites ruelles avec des plantes grimpantes en floraison partout, c'était superbe!
Revenus au point de départ, on a attendu la pirogue de retour en regardant les recrues de l'armée apprendre à nager! Chacun leur tour ils devaient aller dans l'eau et se faisaient montrer comment faire de la brasse, en allant de plus en plus creux à chaque fois! On a pu observer le manège pendant assez longtemps parce qu'il n'y avait tout simplement pas de pirogue qui revenait sur l'île... Morale sénégalaise #1: les choses se passent leeentement. Ce n'est pas parce que le trajet a été super efficace la première fois qu'on peut compter là-dessus la fois suivante! Après un bon 45 minutes d'attente, où on stressait un peu parce que Fatou finit de travailler habituellement à l'heure où on attendait toujours la pirogue, on a fini par pouvoir revenir sur la terre ferme!
On a remercié Fatou et on est repartis avec les enfants pour un resto où on avait rendez-vous avec Erwan et d'autres employés du Ministère de l'immigration ou du nouveau Bureau du Québec à Dakar (Lydia et Matthieu), que François connaissait déjà! Le petit resto était vraiment mignon, à aire ouverte sur la plage et on a eu droit à un beau coucher de soleil! On a jasé longuement devant la bière locale Flag et on a mangé nos premiers mets sénégalais: brochette de lotte (un poisson) et poulet à l'ail (c'était bien bon)!
Voilà pour notre première journée, bien relaxante malgré qu'elle était bien remplie!
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