mardi 28 février 2017

Le désert de Lompoul

Nganda def! C'est François!

Aujourd'hui, c'était le grand jour pour Mattéo et Antoine, les deux jeunes enfants de nos amis Marilyse et Erwan: on partait avec eux pour le désert de Lompoul! Ça devait bien faire 2 semaines que les enfants attendaient cette fin de semaine-là! C'est d'ailleurs l'une des premières choses qu'il nous ont dites lorsqu'on est arrivés au Sénégal, et Marilyse (qui ne pourrait malheureusement pas nous accompagner, étant toujours au Cameroun) avait même dessiné deux gros chameaux sur le calendrier familial! Autant dire que les enfants étaient surexcités quand on préparait les choses le matin!

Après un bref arrêt au Casino (le supermarché français des Almadies) pour nous constituer un pique-nique, on est tous partis, Erwan, Mattéo, Antoine, Marie-Pascale et moi, dans le 4x4 d'Erwan pour un trajet d'environ 3h30 vers le désert de Lompoul. Au début, pour sortir de Dakar, on a eu l'agréable plaisir de pouvoir rouler assez vite, car une autoroute toute neuve nous conduit en banlieue. Évidemment, on vous fait payer ce privilège: Erwan a bien dû sortir sa bourse 4 fois en autant de postes de péage. Le prix à l'entrée explique aussi pourquoi l'autoroute n'est pas encombrée de vieux bus et camions pourris, qui n'ont pas les moyens de rouler ici! Économiquement, c'est un peu idiot que le trafic commercial ne circule pas sur cet axe plus rapide, mais on ne s'en plaignait pas trop!

Au bout d'un moment par contre, la dure réalité nous a rattrapé: nous allions faire le reste du trajet sur la Nationale 1, une route à deux voies au trafic intense (mais heureusement bien entretenue), qui passe inévitablement au milieu de plein de villages! Ici, la plaie, ce sont les vieux camions, qui ralentissent toute la circulation en roulant à des vitesses qui défient l'entendement! Il y a aussi les vieux bus, les dos d'âne à chaque 2km, les chèvres, les gens qui traversent n'importe comment...  Mais bon, le bon côté, c'est qu'on a eu amplement l'occasion de regarder le paysage! Dans cette région du Sénégal, c'est vraiment la savane comme on se l'imagine! De longues étendues plates de sable et d'herbe sèche, ponctuées de quelques arbres, et notamment de baobabs. Cet arbre, célèbre pour ses branches dégarnies et son tronc parfois énorme, est présent partout ici. Difficile de faire plus exotique! Autre incontournable du paysage sénégalais, moins poétique par contre: les déchets. Au bord des routes, c'est fou comme on en voit partout, et dans les villages c'est encore pire! Il y a souvent des décharges sauvages dans lesquelles jouent les enfants et broutent les chèvres... Disons qu'on a été un peu abasourdis par ce problème... Il y a beaucoup de déchets en Amérique du Sud, par exemple, mais ce n'est pas aussi systématique et les gens n'habitent pas littéralement dedans!  

Après quelques arrêts aux toilettes ("mon pipi il est sorti", de nous dire Antoine, tout fier), on a quitté la route centrale dans la petite ville de Kébémer pour rejoindre le désert. Plus personne ou presque sur cette superbe route valloneuse, entre mer et savane! Les seules voitures quon croisait étaient des pick-ups épiquement surchargés! On a finalement rejoint la plage de Lompoul-sur-mer, où on a pique-niqué avec les garçons qui avaient été très sages dans l'auto. Ils ont ensuite lâché leur fou en jouant dans le sable et en saluant tous les Sénégalais qui passaient en charrette! Parce qu'ici, la plage de sable interminable et magnifique fait un peu figure de route secondaire pour relier les petits villages de pêcheurs. On a d'ailleurs assisté à la remontée d'un bateau de pêche (en fait de grosses barques en bois peintes de couleur vives) sur la plage. C'était tout un spectacle! D'abord, il y a environ 20 pêcheurs qui entourent la pirogue en chantant en wolof. Puis, au rythme de la musique, ils coordonnent leurs mouvements pour faire monter le bateau sur un vieux machin rafistolé à deux roues. Une fois la pirogue là-dessus, ils la poussent ensemble loin sur la plage, à l'abri de la marée haute, puis la déposent. Inutile de la revirer au cas où il y aurait de la pluie: nous sommes en pleine saison sèche, et il fait beau tous les jours!

En tout cas ça a été un très bel arrêt, jusqu'à ce qu'Antoine manque de s'éborgner solidement l'oeil avec un bâton qu'il avait ramassé sur la plage. Heureusement, plus de peur que de mal, l'oeil a été évité de justesse! Les enfants de Marilyse et Erwan sont adorables et mignons comme tout, mais ils ont aussi beaucoup d'énergie et veulent tout le temps être le centre d'attention (c'est normal, à 2 et 4 ans)! Disons que ça tire pas mal de jus, et Erwan est pratiquement constamment dans la gestion de crise! On salue ses habiletés de père extraordinaires! 

On est ensuite repartis vers notre destination finale: le désert de Lompoul. Les dernières 15 minutes pour y accéder étaient assez épiques: on suivait  une piste de sable dans les dunes, en pleine savane! Puis, finalement, devant nous est apparu le désert de Lompoul! En fait, c'est un "mini-désert" de 20km2, formé par de hautes dunes. Cela dit, c'est aussi un aperçu du Sahara, qui débute en Mauritanie, un peu plus de 100 km au nord. Bref, un bien joli carré de sable, où deux petites entreprises proposent des nuitées en tente pour se sentir comme dans le "vrai" désert. À l'écolodge de Lompoul, où on allait passer la nuit, notre immense tente était montée à l'ombre d'une grande dune, et on allait tous y dormir sans se sentir coincés! C'était aussi une tente pour nomades soucieux de leur confort, vu qu'on y trouvait lits, commodes et... toilette, douche et lavabo!

En plus d'être magnifique, le désert est un véritable paradis pour les enfants, avec son sable doux et ses activités. On a rapidement essayé la luge de sable, avec des résultats disons peu concluants. Sur la neige, on glisse pas mal plus vite! Puis, les visages des enfants se sont illuminés lorsque sont apparus les dromadaires! On a ainsi pu faire un tour d'une vingtaine de minutes dans les dunes, au grand plaisir de Mattéo et Antoine (et des plus grands aussi)! 

Par la suite, le crépuscule approchant, on a marché un peu dans le sable question de prendre l'apéro en regardant le coucher de soleil sur le désert... Il y a pire comme fin de journée que de prendre un verre de vin (ou de jus de bissap) en voyant le soleil couchant enflammer les dunes! La chaleur est ensuite rapidement tombée et, après s'être habillés plus chaudement, on est partis manger dans la tente principale du campement. Au menu: crabe en entrée, délicieux couscous au poulet et à l'agneau, et dessert semi-mou non-identifié mais sucré pour la fin. Normalement, la soirée aurait dû se terminer par un spectacle de djembé (tam-tams) mais on nous a dit que ce ne serait pas possible ce soir parce que quelqu'un était mort dans le village voisin. Puis, Erwan est parti coucher les enfants qui tombaient de fatigue pendant qu'on finissait la soirée auprès du feu de camp (en fait deux grosses bûches qui flambaient comme jamais en raison du vent constant qui balaie le désert la nuit). Évidemment, si loin de la ville, on voyait vraiment bien les étoiles! Bien agréable fin de soirée! On a été interrompus dans notre contemplation à un certain moment par l'un des employés du camp, qui nous a jasé un bout. Il nous a demandé si on avait des enfants, on a dit non et expliqué que les femmes avaient généralement des enfants vers 30 ans au Québec, et il a ensuite dit: "On fait comment pour ne pas avoir d'enfants?" On n'était pas trop sûr de comment interpréter sa question, mais Dre Mémé s'est alors lancée dans un speech sur les différents moyens de contraception... Ça avait l'air de répondre à ses interrogations! En tout cas c'était un peu étonnant haha! On est restés ensuite encore un peu au coin du feu avant de nous aussi revenir dormir à la tente.

Le lendemain, les enfants se sont réveillés étonnamment tard (7h45), ce qui nous a permis de dormir un peu! Cela dit, ce n'était pas la grande forme tant pour moi que pour Mémé... De mon côté, des douleurs gastriques se sont lentement installées dans la matinée, pour éventuellement culminer par une bonne vieille tourista.... Mémé n'était guère mieux lotie, ayant pour sa part hérité de maux de tête et de gorge ainsi que de courbatures. Pas plaisant, mais bon, ce sont des choses qui arrivent! Cela dit, ça ne nous a pas empêché de profiter de notre matinée! Après une douche sommaire pour nous débarrasser du sable, on a rejoint Erwan et les garçons pour déjeuner. À la table d'à côté, une institutrice de primaire visiblement très douée avec les enfants a fait le bonheur de Mattéo et Antoine en leur inventant des histoires et en jouant avec eux!

On est ensuite partis revoir les dromadaires avec les garçons, puis Marie-Pascale et moi sommes partis marcher dans le désert. On a rejoint les enfants pour glisser et sauter avec eux dans les dunes, tout en se brûlant les pieds dans le sable surchauffé par le soleil de midi! Quant à la tente, elle était également étouffante! Il fait chaud le jour ici, et encore, nous sommes en hiver!

Tout ça annonçait la fin de notre séjour dans le désert. Après un diner de lotte et de poulet avec riz, on a finalement quitté le campement. Antoine pleurait pour tout et pour rien, signe qu'il était très fatigué! Et de fait, il s'est endormi dès que la voiture a démarré! De retour au village de Lompoul, on s'est arrêtés pour regonfler les pneus de l'auto, qu'on avait dû dégonfler pour emprunter la piste de sable vers le désert. Notre arrêt dans le "shack à gonflage de pneus" (impossible de vous décrire autrement cet endroit) a bientôt attiré tous les enfants du village,  en quête d'une pièce, d'un bonbon, d'un crayon... C'est ça aussi, l'Afrique...

Sur la route vers Kébémer, on s'est arrêtés à quelques reprises pour prendre des photos de baobabs, puis Erwan nous a laissés à une station-service pour qu'on puisse prendre un bus vers St-Louis. Coup de chance, il y en a un qui est arrivé immédiatement! Évidemment, il était vieux et sale, mais, avec le recul, bien plus confortable que les infâmes "sept-places" dont on vous reparlera plus tard!

Avant de vous quitter, voici un petit lexique sénégalais!

Alhamdoulilah: l'équivalent de "Dieu est grand". Chaque car rapide et minibus qui se respecte en est orné, de même que beaucoup de camions!

Grand: adorable expression visant à désigner un jeune adulte que l'on ne connait pas, par exemple le quidam qui attend l'autobus au coin de la rue. Comme dans "Hé Grand, pourrais-tu nous dire où on peut prendre les bus pour St-Louis?"

Poulet de chair: ici, on vend des poulets de chair. Pas juste du poulet. Du poulet de chair. Pourquoi? Par opposition au poulet de ponte, le poulet de chair est un poulet que l'on consomme pour sa viande (alors que le poulet de ponte, c'est pour les oeufs).

Pssssssit: cette interjection est au Sénégal ce que le "hey" est au Québec, mais en plus subtil. Les gens l'utilisent pour attirer l'attention, que ce soit celle du serveur ou celle du touriste qui passe à côté d'une échoppe de statuettes africaines...

Serigne: l'équivalent d'un saint homme dans la branche très tolérante de l'islam pratiquée par les Sénégalais (le soufisme). Chaque bus public a au moins plusieurs photos de serigne, et d'innombrables magasins s'appellent "Serigne" quelque chose. Immanquable dans tout le pays!

Teranga: l'hospitalité sénégalaise, dont les habitants s'enorgueillissent. "On est accueillants, on ne fait même pas exprès!" nous a déjà dit un Sénégalais avec un grand sourire! On entend souvent ici que "le Sénégal est le pays de la teranga", selon l'expression consacrée!

Touba: la ville sainte du Sénégal. Son nom est sur tous les camions et de nombreux bus.

Toubab: en wolof, ça signifie "étranger" ou "Blanc". Souvent, les enfants vont nous saluer dans la rue en criant "toubab, toubab!" puis pouffer de rire ensuite quand on les salue aussi!

Wolof: la langue parlée par la majorité des Sénégalais et le groupe ethnique majoritaire du pays.

St-Louis et la suite bientôt!

4 commentaires:

  1. Ah! Les enfants! "Ça tire pas mal de jus", et quand ça en tire moins, on se met à s'inquiéter de leurs aventures...

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  2. Les déchets semblent plus dépaysants que le désert, ça force l'imagination des toubabs en fauteuil. Merci pour le lexique. K

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  3. Vous écrivez magnifiquement bien les tourtereaux. Vous nous faites voyager c'est pas possible! On s'imagine être à vos côtés à admirer le coucher du soleil derrière les dunes du désert. Wow! Quel moment magique.
    Respirez bien fort chaque moment sénégalais pour nous! On vous embrasse.
    Alex et AA

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  4. Immersion...dans la vie intense de parent de jeunes enfants, dans la cohue des routes et la vision d'enfants vivant dans les déchets, dans la savane et la beauté des dunes sur lesquelles le soleil se couche, cours d'éducation sexuelle impromptu, veillée aux étoiles...que d'émotions à assimiler!

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