Salam aleikoum! C'est François!
Vous connaissez notre philosophie: pour bien tâter l'âme d'un pays, il faut prendre les transports en commun. Ça permet de vivre le quotidien des gens du coin tout en permettant des rencontres intéressantes. En prime, c'est toujours moins cher que le taxi ou la voiture. Évidemment, le confort et la rapidité ne sont pas toujours optimaux (voici un bel euphémisme), mais on a généralement la couenne dure et on arrive la plupart du temps à y voir du positif.
Je dois dire, par contre, que les déplacements en transport en commun au Sénégal sont particulièrement éreintants, même sur les grands axes routiers. Parmi les quelques comparatifs qu'on a pu faire avec nos voyages antérieurs, seuls nos 18h de route sur une piste en pleine jungle au Guyana et nos 8h de taxi collectif dans le désert du Kyzylkoum en Ouzbékistan "accotent" notre expérience sénégalaise en la matière.
Attachez votre tuque, donc: on s'embarque pour une journée de trajet entre St-Louis et Dakar!
D'abord, on partait déjà avec une prise. Vous vous souvenez que j'avais été pris de malaises gastriques dans le désert de Lompoul. Moi qui ne suis que rarement malade dans les voyages, voilà que je me suis réveillé en pleine nuit pour vomir. Avec les murs en céramique qui résonnaient et les feuilles de papier en guise de murs, j'ai bien dû réveiller tout l'hôtel! Je me suis rendormi par la suite et mes maux de ventre s'en sont trouvés grandement améliorés, mais il reste que j'étais quand même un peu faible pour le déjeuner le lendemain matin. Marie-Pascale, de son côté, avait toujours son mal de gorge carabiné, ce qui affectait grandement son moral. On formait donc un duo assez peu en forme pour affronter notre journée!
Au déjeuner, on a questionné le gars de l'hôtel au look intellectuel avec ses lunettes et son intérêt pour l'opéra (c'est ce qui jouait en tout temps dans la salle à manger) pour savoir à quelle heure prendre le bus pour Dakar. "Vous voulez prendre le bus? Vous voulez vraiment arriver à 20h à Dakar? Non, prenez un sept-places!" Ah, ok alors. On va essayer ça! Avant, par contre, on avait toutes sortes de choses à organiser... Pour faire une histoire courte, on avait réservé deux nuits dans un établissement un peu plus tard dans le voyage, mais il y avait eu un problème dans la réservation et ils n'avaient de la place que pour une nuit. Il fallait donc trouver autre chose... Bref, on a passé une bonne demie-heure de gossage à tenter d'organiser nos choses avec comme toile de fond un Sénégalais qui hurlait au téléphone en wolof derrière nous! Tout pour tester notre patience!
Vers 11h45, on était enfin sortis de l'auberge (littéralement). Après un bref arrêt à la poste, on est ensuite passés acheter des provisions pour la route.
Et en route pour Dakar, quelque 200km plus au sud!
On a d'abord pris un minibus Tata vers la gare routière, évidemment située en banlieue de St-Louis. Trajet: 30 minutes, distance, à vol d'oiseau: environ 5km. On vous a déjà décrit ces minibus: disons qu'ils sont toujours bondés, qu'on est presque toujours debout et que le confort y est minimal. C'était le cas ici aussi!
Le minibus nous a débarqué au milieu de rien dans les faubourgs de St-Louis, où un Sénégalais nous a ensuite aiguillonné vers la gare routière, un bloc plus loin. Gare, c'est un bien grand mot: on aurait plutôt dit un grand stationnement plutôt sale et rempli d'épaves de voitures. Rapidement, on a été abordé par un "koxeur", le gars qui remplit les bus et les sept-places. "Vous voulez aller en sept-places à Dakar? Par ici!"
Et c'est là qu'on a fait connaissance avec les sept-places. On s'imaginait qu'il s'agissait d'un vieux minivan: pas de stress, on connait ce genre de véhicule. Erreur. Un sept-places, c'est plutôt une vieille voiture Peugeot complètement déglinguée, de forme allongée. Il y a un siège en avant avec le conducteur, puis suivent 2 rangées de 3 sièges. D'où les "sept places". En gros, un sept-places, c'est du covoiturage où tous les sièges sont occupés, y compris ceux du milieu. Super! Au moment d'entrer, les deux seuls sièges inoccupés étaient ceux du fond, à côté d'un autre Sénégalais heureusement pas très corpulent. Comme la carrosserie est un peu surélevée à cet endroit, on avait donc les genoux dans le front, tout en étant incapables de mouvoir nos jambes. Bonjour l'ankylose! Pour comble, juste en haut de la tête de Mémé se trouvait une structure en plastique à moitié détruite qui avait vraisemblablement abrité une radio il y a fort longtemps. À chaque cahot, sa tête heurtait donc le plastique brisé, l'obligeant donc à se contorsionner pour éviter cette situation désagréable. Le banc du milieu était en partie occupé par un couple de vieux Belges bien gentils, des habitués du Sénégal qui ont eu cette parole rassurante pour nous: "vous savez, on peut parfois mettre 6h pour faire cette route. C'est ce qui s'est passé pour nous à l'aller." Oh. God. 6h dans cette position??
Heureusement, nous n'avons mis "que" 4h30 pour faire le trajet vers les faubourgs de Dakar, ce qui, dans les circonstances, était plutôt efficace.Il faut dire que c'est là l'unique avantage des 7-places vis-à-vis des bus: comme ils ne s'arrêtent pas constamment pour faire monter et descendre des gens, ils vont donc plus vite. Cela dit, ce furent 4h30 assez difficiles. Outre notre inconfort évoqué ci-haut et les aléas de la route sénégalaise (circulation ralentie par de vieux camions, dos d'âne, etc.), il faut ajouter la chaleur qui nous rendait bien poisseux. Pour tenter de palier à ce problème (il n'y avait évidemment pas d'air climatisé), les fenêtres du véhicule étaient ouvertes dans la mesure du possible. Ce qui créait un autre problème, créé par le vent. En effet, l'air sec au Sénégal est plein de poussière. Les vitres ouvertes, on est donc rapidement couverts de cochonnerie (la crème solaire mêlée de sueur agit comme une excellente colle), sans compter les fumées noires des gaz d'échappement des vieux tacots qui nous précèdent et qu'on doit parfois respirer sur des centaines de mètres car il est impossible de les dépasser de manière sécuritaire. Et une fois arrivé près de Dakar, c'est le smog qui nous accueille. Pour prolonger le plaisir, le chauffeur a évité l'autoroute (car payante) et a aussi cru bon se frayer un chemin dans les petites rues de la ville de Rufisque, en banlieue de Dakar, pour tenter d'éviter le trafic. Le tout évidemment agrémenté de bruits de moteurs parfois assourdissants et de musique africaine sur repeat! Au moins il y avait le paysage dépaysant... Cela dit, de la savane sur terrain plat pendant des heures, ça finit par devenir un peu redondant!
C'est donc les jambes en feu, le corps couvert de crasse et les poumons remplis de vapeurs de diesel qu'on a quitté sans regret le sept-places à la gare de Pikine, en banlieue de Dakar. Il était 17h15. De là, on devait se rendre dans une autre banlieue, les Almadies, où résident nos amis à Dakar. Coup de chance, un bus local, le 232, nous amenait près de l'aéroport, d'où on prendrait un autre bus pour le 5 km restant. Un gars super sympathique nous a aidé à trouver le 232 et, 20 minutes après notre arrivée à la gare, on repartait pour un trajet qu'on estimerait relativement court. C'était sans compter avec l'heure de pointe infernale de Dakar. Résultat: 2h15 de bouchons constants et de petites rues encombrées pour un maigre 15km de trajet. Au moins là on était assis confortablement, mais disons qu'une fois à l'aéroport, on en avait plus qu'assez des klaxons, de rouler à 2kmh et des effluves d'essence!
Enfin, on a pris le minibus 3 vers les Almadies (par chance pas trop bondé). On s'est cependant arrêté en chemin à la banque Bicis, question de retirer de l'argent au guichet le plus lent de la Terre (sérieusement, j'ai rarement vu un logiciel de guichet automatique réagir aussi peu promptement). Temps total: 5 minutes. Distance parcourue: environ 1km. Après avoir attendu une dizaine de minutes dans cet endroit inconnu avec l'équivalent de 1000$ dans les poches, on a repris le minibus 3 (bondé cette fois) pour environ 15 minutes jusqu'au rond-point Ngor. Mourants de faim et de fatigue, on a avisé un resto où on comptait dévorer une salade, question de mettre un peu de verdure dans notre journée où on avait surtout consommé du pain blanc et un peu de fromage. Dans l'escalier menant au resto, on a cependant été retenu assez longtemps par un gars qui disait nous reconnaitre sachant qu'on marchait souvent dans le quartier, mais ses explications n'étaient pas très claires... Ce qui est sûr par contre, c'est que nos yeux suppliants hurlaient "Sérieux dude, c'est super ce que tu racontes, mais on sait pas trop t'es qui et on n'est pas trop d'humeur à discuter maintenant. Peux-tu juste nous laisser aller manger???"
Enfin, après 5 minutes de marche, on est revenus complètement fourbus chez Marilyse et Erwan, vers 20h15. On a jasé un bout avec Erwan avant de prendre une douche salvatrice et de tomber dans les bras de Morphée. Temps total: environ 8h de transport porte à porte pour faire un peu plus de 200km!! À ce moment-là, notre moral était pas mal à plat. Devenons-nous plus sensibles à l'inconfort avec l'âge, ou est-ce que le Sénégal est réellement un pays où les transports e commun sont absolument épuisants? Probablement un mélange des deux! :)
Et on remet ça demain: départ vers Ndangane et le delta du Siné-Saloum!
À bientôt!
Reparlez-nous des transports en commun après la grève du RTC. J'ai déjà hâte de lire vos blogues de 2035, pleins de taxis autonomes. K
RépondreSupprimerLe logiciel des guichets automatiques de la banque Bicis a été conçu par les dévelopeurs du système de paye Phénix. Le Canada est fier d'exporter sa technologie.
RépondreSupprimerC'est trop gentil de votre part de souffrir ainsi mille morts juste pour nous faire profiter de vos carnets de voyage��
RépondreSupprimerMadeleine
CP reçue. Merci! K
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